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"Amor que o gesto humano n'alma escreve" - Littérature & poésie

Sujet de discussion : "Amor que o gesto humano n'alma escreve"
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 8 juillet 2014 à 19:51
    Luís Vaz de Camões, grand poète épique ("Os Lusíadas") et lyrique (trois volume de poésies édités par l'Imprensa Nacional-Casa da Moeda, au Portugal) a écrit des poèmes d'amour, la plupart du temps amers, marqués d'une ехрéгіепсе malheureuse (l'on ne sait rien de très précis de sa vie), toujours dans l'effort de la conquête et ne parvenant à rien (sauf dans deux ou trois poèmes de jeunesse, vantards et rieurs, très minoritaires).

    Ce poète du seizième siècle est un modèle de la langue portugaise, avec le prédicateur Antônio Vieira et le dramaturge Gil Vicente.

    Cette poésie-là, dont je vous ai déjà fait des sujets, inspire encore les fadistes contemporains.

    J’aimerais vous livrer ce que j'estime être un de ses meilleurs poèmes d'amour, dont le seul premier vers est une merveille.

    "Amor que o gesto humano n'alma escreve".
    Je vous en livre aussi ma traduction, en vers assonancés, en alexandrins, en soulignant que la plupart des traducteurs de poésie portugaise ont choisi une sorte de prose cadencée en décasyllabes où n'apparaît pas le schéma des rimes, ce qui est quand même pour la poésie un grave défaut, quoi que l'on avance comme raisons, entre autres traduire au plus près du texte. Je préfère dévier du texte, dans son esprit, plutôt que de l'estropier de sa versification, ah mais ! Cependant, même l'assonance ne peut être qu'approximative, sinon le texte est trahi. Dur équilibre !

    C'est un choix de traduction.

    Le texte portugais.

    Amor, que o gesto humano n' alma escreve,
    vivas faíscas me mostгоu um dia,
    donde um puго cristal se derretia
    por entre vivas rosas e alva neve.

    A vista, que em si mesma não se atreve,
    por se certificar do que ali via,
    foi convertida em fonte, que fazia
    a dor ao sofrimento doce e leve.

    Jura Amor que brandura de vontade
    causa o primeiro efeito; o pensamento
    endoudece, se cuida que é verdade.

    Olhai como Amor gera num momento,
    de lágrimas de honesta piedade,
    lágrimas de imortal contentamento.


    Ma traduction


    Amour, qui l’humain visage en notre âme inscrit,
    M’a montré des flambeaux vivaces une journée,
    Desquels un pur cristal en fondant s’écoulait
    Parmi les roses vives et la neige candide.

    Ma vue, qui n’était pas de sa nature hardie
    Au point de certifier ce qu’elle ici voyait,
    Fut convertie en une source, qui rendait
    La douleur à souffrir légère et radoucie.

    Amour nous fait serment qu’une tendre amitié
    Cause l’effet premier ; mais notre entendement
    Extravague à croire en ceci la vérité.

    Voyez comment Amour génère en un moment,
    Depuis des larmoiements vertueux de piété,
    Des larmoiements d’un immortel contentement.


    -------------------------------------------------------------------

    Deux fados qui me donnent des frissons, sur des textes de Luís Vaz de Camões ; chantés par Amália Rodrigues.





    Le texte du premier fado "Com que voz chorarei" :

    Com que voz chorarei meu triste fado,
    que em tão dura prisão me sepultou,
    que mór não seja a dor que me deixou
    o tempo de meu bem desenganado ?

    Mas chorar não se estima neste estado,
    onde suspirar nunca aproveitou ;
    triste quero viver, pois se mudou
    em tristeza a alegria do passado.

    Assi a vida раsso descontente,
    ao som nesta prisão do grilhão duго
    que lastima ao pé que o sofre e sente !

    De tanto mal a causa é amor puго,
    devido a quem de mi tenho ausente,
    por quem a vida, e bens dela, aventuго.

    Ma traduction.


    Sur quel ton déplorer ma triste destinée,
    Qui m'a dans un cachot si rude enseveli,
    Afin que point n’empire la douleur impartie
    Par le temps de mon bien désillusionné ?

    Mais les pleurs rien ne pèsent en cette extrémité
    Où les soupirs, jamais, n'ont valu de profit ;
    Je veux vivre attristé, dès lors qu’est convertie
    En tristesse la joie provenant du passé.

    Je passe ainsi ma vie en mécontentements,
    Au bruit, en ce cachot, de mon cadenas dur
    Qui écorche mon pied, qui l'endure et le sent.

    De ce mal à foison la cause est l'amour pur,
    Dû à celle-là dont je suis au loin absent,
    Pour laquelle ma vie et ses biens j’aventure.


    C'est beau, non ???
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 8 juillet 2014 à 22:06
    Le poète chanté par Cristina Branco.







    J'espère que

    tant les poèmes

    que les interprétations

    vont vous séduire !!!
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 8 juillet 2014 à 22:16
    9782915540826FS.gif
    Elles ont fait le choix du décasyllabe cadencé sans reprendre le schéma de la versification : elles ont eu tort, à mon avis.

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