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Des nouvelles d'Edouard - Michel Tremblay - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Des nouvelles d'Edouard - Michel Tremblay
  • chezvolodia Membre pionnier
    chezvolodia
    • 13 juin 2017 à 20:43
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    Quatrième de Couverture :

    La grande Duchesse de Langeais ne régnera plus sur les nuits сhаuԁеs de la Main. La reine des tгаvеstіs, qui a tout enseigné aux Créatures du célèbre cabaret Coconut Inn, trouve la mort en plein coeur du Red Light de Montréal. Mais Edouard, son alter égo diurne, laisse en héritage le précieux journal de son voyage à Paris en 1947.

    La ville qui a nourri son imaginaire pendant si longtemps, par les romans de Zola et de Balzac, par les chansons de Lucienne Boyer, par les films de Pierre Fresnay, s'incarne dès son arrivée gare Saint Lazare.

    C'est à sa belle-soeur, la Grosse femme, qu'il destine son journal, mais devant tant de beautés et d'émotions fortes, la solitude pèsera bien lourd sur les épaules de la Duchesse.

    Editions : Babel - ISBN : 978 2 7609 1836 6 - Poche : 321 pages -

    Mon avis : Volodia

    Pour information :

    Ce livre est le quatrième tome des Chroniques du Plateau-Mont-Royal et fait suite à "La Duchesse et le Roturier", mais à mon avis, il peu se lire indépendamment des autres.

    Le roman commence à la mort d’Edouard, assassiné dans un parking sordide, par Tooth Pic, homme de main de Maurice, Patron du Cabaret de tгаvеstіs « Le Coconut Inn » Тгаvеstі vieillissant, à la langue bien acérée et aux répliques citronnées, Edouard, hоmоsехuеl canadien d’origine modeste, vепԁеuг de chaussures dans un quartier élégant le jour, est tгаvеstі la nuit sous le nom de la Duchesse de Langeais (nom choisi en raison de son amour pour la culture française). Personnage haut en couleur, auréolé de légendes, il régnait depuis longtemps sur les tгаvеstіs de la rue Saint Laurent et s’était attiré les foudres de nombre d’hommes du milieu.

    A la mort de la Duchesse de Langeais, terrorisée par une époque ou médecins et chirurgiens pouvaient créer d’un homme une presque femme qui reprendrait le flambeau de sa folie douce, le quartier de la « Main » à Montréal portera un certain temps le deuil de celle qui en disparaissant les laissait dans le désarroi, mais c’était sans compter le journal qu’Edouard avait écrit lors de son voyage à Paris en 1947, qu’Hosanna et Cuirette découvriront, liront et feront connaître.

    Edouard raconte son départ pour Paris, grâce à un héritage de sa mère. Ville qu’il ne connait que par les films et les acteurs, mais dont il rêve et où il espère bien trouver sa place. Il y décrit sa traversée de 10 jours sur le bateau « Le Liberté », en première classe et ses différentes rencontres avec des passagers d’un milieu social plus élevé que le sien. Ce qui donne lieu à des situations cocasses. Son arrivée au Havre ville bombardée en reconstruction puis, Paris, encore sous tickets de rationnement. Tout est pour lui sujet d’étonnement, les noms de rues, qui ne sont pas des Saints de quelque chose…., les façades décrépites des immeubles, les restaurants où on ne peut dîner qu’à partir de 7 heures, le métro dont les effluves d’uгіпе prennent à la gorge, les rues réservées avec les « guidounes » bien en vues, etc… le tout sur un ton très jubilatoire.

    Mais ce récit nous confronte au portrait des divers milieux sociaux entre personnes ordinaires et parvenus. Malgré tous ses efforts, Edouard souffre de solitude. Il n’a personne avec qui partager ce qu’il voit. Seul au milieu d’une aventure trop grande pour lui, Mourant d’ennui de peur et de frustration, exclu d’une culture qu’il avait rêvée, en raison de son accent et de l’acсulturation générale dont sont victime les Québécois à la fin des années 1947. Tout cela le pousse à rentrer en catastrophe au Canada après avoir passé seulement 36 heures à Paris.

    Toutefois n’étant pas prêt pour affronter sa famille suite à ce voyage raté et ne voulant pas passer pour un sans allure, un gaspilleur, il va s’enfermer dans une chambre d’hôtel le temps qu’aurait duré son séjour, pour s’inventer un voyage fantastique qu’il mettra « bien au point » pour le servir à tout le monde en rentrant en Montréal. Mais loin de choquer ses amies, la découverte de cette humble vérité qui contraste violemment avec celle qui était devenue l'âme de la Main, élève celle-ci au rang de légende.

    J’ai adoré ce livre, la verve et l’humour d’Edouard son accent, qui m’a donné pour quelques heures, l’illusion de parler à mon tour le français comme un canadien. Mais j’ai aussi été peiné de ses déboires. Bref, Edouard alias la Duchesse de Langeais est un personnage au combien attachant.
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 13 juin 2017 à 22:30
    Si l'académie Nobel n'était pas pincée du сul, Michel Tremblay aurait dû depuis longtemps, rien que pour le cycle du Plateau Mont Royal et pour son théâtre plus qu'émouvant, avec ses personnages de tгаvеstіs, de рutаіпs, d'homos, de femmes du peuple québécois, de prolétaires, et pour ses histoires de famille - moins emmerdantes que tous les cycles romanesques français depuis Zola - recevoir la distinction du prix Nobel.

    C'est à lui que nous devons, chose notable, l'introduction du joual (le parler populaire francophone du Québec) en littérature avec "les Belles-Soeurs" vers 1970.

    Et, ainsi, la langue réelle du Québec a pu se déployer dans toutes ses strates, toutes ses ressources et possibilités, et la littérature québécoise n'être pas un décalque de la littérature faite en France.

    Merci Volodia !!!
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 14 juin 2017 à 18:46
    En quoi Tremblay m'émeut-il ?
    Par la juste narration de ses histoires (point d'exposition du cadre, in media res on attaque, les personnages à la fois donnés et fluctuants), dans des milieux populaires, avec des personnages à la fois ordinaires et excentriques (et c'est le personnage de la mère maintes fois déclinée), par son acceptation de situations qui ailleurs seraient scabreuses et donneraient lieu à des romans à thèse (l'іпсеstе, la folie de l'enfant autiste), par la justice rendue à la poéticité des milieux populaires. Un dépassement du réalisme par un onirisme sûr : les sensations, les sentiments, de plein droit, sont là, autant que le cadre, suffisamment défini et déployé par lers personnages.

    Depuis l'adolescence, je lis et je relis les pièces de théâtre de Michel Tremblay, maintenant entièrement rassemblées et éditées aux éditions Actes Sud, dans la collection "Papiers" (en co-édition avec les éditions québécoises Leméac) : cela me bouleverse іпtіmеment. C'est la classe sociale à laquelle je me sens appartenir, ici en France, outre-Atlantique, qui est la matière première de l'invention de Michel Tremblay !

    "A toi, pour toujours, ta Marie-Lou"... Quel bonheur de lecture !


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  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 14 juin 2017 à 19:17
    "Quinze femmes ordinaires de l'Est de Montréal se réunissent pour un marathon de collage d'un million de timbres-primes. C'est dans la cuisine de la gagnante que se rencontrent et se confrontent sa famille et ses voisines, et bien vite la fête tourne au drame. Dans des tableaux exubérants et tragicomiques, elles font entendre leurs misères, leurs espérances, leur aliénation, leurs frustrations et leurs calomnies dans un délire amer.
    Créé au Québec en 1968 et jouée depuis en plus de trente langues, Les Belles-Sœurs est une pièce-culte du théâtre francophone. " QUATRIÈME DE COUVERTURE DES "BELLES-SOEURS"


    Volodia vous met en évidence

    un auteur majeur de notre époque ;

    alors, comme il n'est pas ennuyeux,

    SVP, lisez-le !!!




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  • chezvolodia Membre pionnier
    chezvolodia
    • 14 juin 2017 à 22:39
    Dobrie Dien Clicli-un max-007

    Sраssiba, pour votre intervention, je vois que comme moi vous aimez lire.
  • pourunbeaumec Membre élite
    pourunbeaumec
    • 15 juin 2017 à 08:55
    Il y a encore des gens qui lisent des livres à notre époque???
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 15 juin 2017 à 10:35
    Sраssiba, Volodia ! Le livre est un ensemble constitué de mots, il demande l'effort d'imagination du lecteur, sans lecteur il est mort, il n'est pas un medium englobant comme la télévision mais un medium qui se propose, il n'hypnotise pas mais il captive ou ennuie, il laisse la possibilité de le rejeter (au contraire de la télévision qui fascine) ou de continuer en s'impatientant.

    Cet ensemble constitué existe depuis "La légende de Gilgamesh : l'homme qui ne voulait pas mourir" ou "L'Odyssée", peu importe le support, il n'y a aucune raison pour qu'il disparaisse si ce n'est la fragmentation des esprits déterminée par une grave atomisation sociale, laquelle est l'absence de statuts, de règles sociales, de conventions collectives du capitalisme rapace et aux abois - le capitalisme de l'uberisation, chère au président Macron en France.

    Voilà ce qui met en danger le livre, rien d'autre ; ainsi que la formidable destruction de l'enseignement Public, Laïc, entreprise depuis des décennies par des gens qui diminuent les heures de français, de Lettres, si bien que les forums, ici ou là, sont des témoignages de l'illettrisme programmé par ceux qui détruisent et la culture immatérielle, et la possibilité d'y accéder, et créent par leurs choix politiques une désindustrialisation massive.
  • rykkos Membre élite
    rykkos
    • 16 juin 2017 à 00:36
    Un livre mais c est quoi un livre???
  • pourunbeaumec Membre élite
    pourunbeaumec
    • 16 juin 2017 à 03:03
    En réponse au message de rykkos :

    Un livre mais c est quoi un livre???

    Un bloc de papier avec plein de feuilles à tourner et il y a marqué des mots dessus qu'il faut lire et qui donnent mal à la tête à force! bon à part celui de Nabilla qu'on à juste епvіе de jeter dans la cheminée pour allumer un bon feu!

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