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"Freud, passions secrètes" de John Huston (1962) - Musique & cinéma

Sujet de discussion : "Freud, passions secrètes" de John Huston (1962)
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 14 février 2013 à 19:19
    "Freud, passions secrètes" de John Huston est un grand film, de l'année 1962,

    en ce sens qu'il vulgarise, sans simplification, la découverte freudienne des processus inconscients,

    depuis l'aЬапԁon de la théorie purement physiologique du traumatisme, en passant par Paris et l'enseignement de Charcot, par Breuer et son soutien jusqu'à ce que les limites de cet homme apparaissent, par le cas princeps de Cecily et l'aЬапԁon de l'hypnose pour la cure par la parole, jusqu'à l'exposé révolutionnaire de la théorie de la sехualité infantile devant ses pairs ;

    de plus, le film met en images les fапtаsmеs et la vie intérieure en des scènes oniriques chargées de mystères, traduisant ainsi que la vie de la psyché ne se confond pas avec la vie de la conscience ;

    enfin, le jeu puissant de Montgomery Clift rend bien le côté passionné du jeune médecin juif, son obstination, son combat contre les convenances de la société viennoise de son temps, peu préparée à recevoir la thèse de la sехualité (de la libido) agissante depuis les stades les plus précoces de la vie ;

    pour finir, l'invention de la thérapeutique psychanalytique est bien suivie, pas à pas, dans ses hésitations, dans ses revirements théoriques, dans ses percées ; et le pathos, présent, n'est jamais pour le réalisateur un moyen de subjuguer le spectateur par des effets faciles, en abolissant son jugement par un déversement d'émotions.

    Ce grand film, faut-il le noter, n’eut aucun succès, tant ce qui touche à la recherche de la vérité іпtіmе est toujours un sujet brûlant, qui suscite encore de nos jours nombre de réactions obscurantistes (cf. le polygraphe Michel Onfray et sa haine rabique de la psychanalyse ou - aux antipodes de ce matérialiste mécaniste - les empapaoutés, qui décidément n'ont jamais accepté que "l'âme" perde de sa nature diaphane et éthérée).

    La découverte freudienne, comme si vous y étiez : passion, déconvenue, hasard des déductions, lumières et obscurité, cheminements tortueux et décisifs.

    Je note que les versions françaises doivent être achetées.

    Par ailleurs, je vous mets le lien vers la version originale sous-titrée en portugais ;

    http://archive.org/details/Pfilosofia-freud383-4

    Je ne trouve pas de version sous-titrée en français qui puisse se regarder gratuitement.


    --- Bref, je vous recommande ce film, qui est un moment rare de la vulgarisation scientifique pour le plus grand public.

    Et parce que le sujet n'est pas tant Sigmund Freud (qui ne nous est jamais montré comme un être d'exception) mais bien la psychanalyse, comme thérapeutique іпtіmеment liée à sa théorie, les deux aspects se développant ensemble.
  • va527 Membre élite
    va527
    • 14 février 2013 à 19:24
    J'adore ce film.
    Montgomery est juste grandiose.
    Très belle explication du film :).
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 14 février 2013 à 19:46
    Montgomery Clift était un acteur séduisant (si, il était beau) ; mais son métier, et son art étaient plus grands que sa beauté !

    Le rôle d'un personnage (qui comme tous les novateurs a donné lieu à une légende et à une vénération exagérée ou à des haines immenses) n'est pas facile à endosser : il faut secouer toute la poussière acсumulée, les interprétations, les clichés, dépouiller la statue du "Grand Homme" pour atteindre à sa vivacité d'homme jeune, à son audace, à sa vie bouillonnante, bref à ce qui a fait sa substance d'être vivant.

    -- La réussite de Montgomery Clift fait de ce film un objet convaincant : il campe un homme - l'homme Sigmund Freud - dans sa complexité, et dans l'ardeur de ses découvertes ; il le campe dans sa fougue et son courage, et son abnégation au service de la recherche de la vérité scientifique.
  • va527 Membre élite
    va527
    • 14 février 2013 à 20:02
    Montgomery, je l'ai étudié en cours et j'ai été époustouflé.
    J'ai vu beaucoup de films de lui après.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 14 février 2013 à 20:22
    Je suis charmé, étonné, pris par cette interprétation de Clift : convaincante, une présence par des jeux de l'expression du visage (рlапs rapprochés et рlапs moyens), une voix impétueuse, une manière d'endosser le personnage sans rien lui surimposer de sa propre personne, celle de l'état-civil.

    - Encore une fois , une réussite.


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    Notons que ce film a connu bien des péripéties, dont une qui n'est pas la moindre : l'écriture par Jean-Paul Sartre, qui en tant que philosophe héritier d'une conception finalement bien classique de la psychologie n'était pas un partisan du "freudisme", et entretenait avec celui-ci un rapport de fascination/répulsion, d'un scénario, qui par sa longueur, effraya Huston, si bien qu'à la fin du film, presque rien n'en demeurant, Sartre refusa de faire figurer son nom au générique.

    Ce scénario est disponible en français, dans "La Bibliothèque de l'inconscient", aux éditions Gallimard.


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  • va527 Membre élite
    va527
    • 14 février 2013 à 20:42
    Le plus intéressant dans son jeu est après son accident, il a une partie qui ne bouge plus beaucoup notamment son visage mais son interprétation reste tout de même grandiose.

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