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J'ai dans le souvenir tes cils de velours - Littérature & poésie

Sujet de discussion : J'ai dans le souvenir tes cils de velours
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 26 juillet 2014 à 23:21
    J'ai dans le souvenir tes cils de velours, de celui que tu admirais tant au musée des Tissus, dans cette grande salle où l'Orient déploie ses tapis.

    J'ai le souvenir exact de ton contour, et de ta maigreur de squelette, quand tu t'es laissé mourir, peu à peu, en te retirant de tout, et que tu me disais "J'ai fait un tour de pâté de maisons."

    J'ai un souvenir de la nuance de tes yeux, et de leur façon, et de leur éclat.

    Mais tout cela voilé par ta disparition programmée qui poursuit une œuvre d’effacement en moi ; la trace de mon Simon s’affirme encore, mais en creux ; tu es dans un paysage, mon regard ne te cerne pas ; je ne te vois plus distinctement.

    Je me souviens des herbettes le long d'une route, de la longue montée ensemble et puis, dans cet été solaire, des descentes ; je me souviens de la nuance jaunâtre des bas-côtés ; je me souviens des ruisseaux cimentés pour canaliser la force des orages ; j'ai en tête ce pas à mes côtés ; ta cadence est là, précise.

    Mais je ne pourrais plus te décrire.

    Climax69007, le Samedi 26 Juillet 2014.
  • kalison Membre élite
    kalison
    • 26 juillet 2014 à 23:29
    Bonsoir climax

    C'est de la belle écriture ...mais c'est triste...c'est du vécu, le chagrin , la perte d'un compagnon.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 27 juillet 2014 à 00:23
    Bonsoir, Kalison oui c'est triste, mais c'est la prose de la vie avec ses chagrins, et puis je m'essaye à des plages de prose sans les contraintes de la versification.

    Les souvenir sont des effets bizarres en nous du temps vécu, ils s'étiolent, ils s'effacent, ils s'amputent d'une partie d'eux-mêmes, et le plus essentiel disparaît, il subsiste le contour qui ne cerne plus qu'un vide habité, et cela hante d'autant plus.

    Merci de m'avoir lu, Kalison, et de t'être arrêté.
  • yoomy Membre suprême
    yoomy
    • 27 juillet 2014 à 01:03
    Je n'ai clairement pas vécu le même genre de situation mais je comprends dans un sens. Au bout d'un moment, il ne subsiste plus que des souvenirs de sensations, d'odeurs, des impressions ... et une impossibilité à se souvenir des traits d'un visage. Peut-être effaçons-nous certaines choses pour "survivre" à une perte x
  • wogelfrei Membre élite
    wogelfrei
    • 27 juillet 2014 à 11:12
    C'est très beau ! C'est tellement salutaire de se libérer des contraintes. La vie est tellement prompte à encombrer notre route de tant d'obstacles ! La liberté te va bien ! Bise.
  • nigivir Membre élite
    nigivir
    • 27 juillet 2014 à 11:34
    Au bout d'un moment, il ne subsiste plus que des souvenirs de sensations, d'odeurs, des impressions ... et une impossibilité à se souvenir des traits d'un visage. x

    Oui, pour moi, cette impossibilité à me souvenir dans le détail des traits du visage d'un-e être aimé-e disparu-e est un terrible déchirement.


    Peut-être effaçons-nous certaines choses pour "survivre" à une perte

    Oui, de toutes façons, vivre dans le souvenir de ce qui n'est irrémédiablement plus, rend fou, donc forcément, les stratégies de survie se mettent en place ...

    Merci Climax!
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 27 juillet 2014 à 17:17
    Pour ma part, j'en suis encore au "terrible déchirement", d'autant plus que d'autres circonstances - que je vais vous épargner - sont aussi déchirantes.

    Mais je prends le bisou de Wogelfrei, bien entendu !

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