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José Carlos Ary dos Santos (2) - Littérature & poésie

Sujet de discussion : José Carlos Ary dos Santos (2)
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 20 janvier 2014 à 00:47
    Et tout d'abord, en cette année où nous commémorons le trentième anniversaire de la disparition terrestre du poète,


    et où nous commémorons sa présence au travers de sa liaison amoureuse constante avec le peuple portugais,


    au travers de son amour constant pour le Portugal libéré du fascisme,


    au travers de sa force oratoire qui - toujours - nous surprendra agréablement,


    dans un siècle, qui n'a pas été avare en orateurs - souvent très sinistres - alors que le souffle de la parole, qui animait José Carlos Ary dos Santos, était celui du rythme de la vie,


    celui du service dû au langage débordant qui rompt les digues de la pauvre décence pour laisser place et lieu aux cris fauves de l'amour,


    aux cris indignés de la dénonciation de ce qui abaisse les humains,


    aux cris très hautains de la célébration des possibilités de beauté qui élèvent, -


    et tout d'abord, une page d'internet dédiée à Ary dos Santos.



    La beauté emprunte le canal de langues très diverses (anglais, russe, arabe, swahili, pachtoune, bahasa Indonesia, chinois, japonais, coréen, inuktitut, finnois, allemand, lucanien, ...), et depuis des siècles, au moins depuis la formation des nationalités ibériques, et depuis les tгоubadours galaïco-portugais, le portugais fait partie des langues lyriques (ayant beaucoup emprunté, comme les langues d'oïl, comme l'allemand, comme l'italien, comme le catalan, comme le castillan à la langue occitane et aux manières des tгоubadours de langue d'oc).


    http://ary01.com.sapo.pt/ary.html


    Chanté par José Afonso, dit "Zeca", "A Cidade"



    Je traduis le poème ci-dessus, en alexandrins.


    A Cidade/La Ville


    A cidade é um chão de palavras pisadas/La ville est un sol où les mots sont piétinés,
    A palavra criança a palavra segredo./La parole enfant, et la parole secret.
    A cidade é um céu de palavras paradas./La ville est un ciel de paroles arrêtées,
    A palavra distância e a palavra medo./La parole distance et la parole peur.


    A cidade é um saco um pulmão que respira/La ville est un sachet, un poumon qui respire
    Pela palavra água pela palavra brisa/Grâce à la parole eau et la parole brise.
    A cidade é um poro um corpo que transpira/La cité est un pore et un corps qui transpire
    Pela palavra sangue pela palavra ira./Grâce au mot sang, à la parole emportement.


    A cidade tem praças de palavras abertas/La ville a des places poiur le paroles ouvertes
    Como estátuas mandadas apear./Comme des statues mises en marche de plain-pied.
    A cidade tem ruas de palavras desertas/La ville a de ces rues de paroles désertes
    Como jardins mandados arrancar./Tout comme des jardins que l'on fait arracher.


    A palavra sarcasmo é uma rosa rubra./La parole sarcasme est une rose rouge.
    A palavra silêncio é uma rosa chá./La parole silence est une rose infuse.
    Não há céu de palavras que a cidade não cubra/Point de ciel de paroles que la ville n'englobe,
    Não há rua de sons que a palavra não corra/Point de rue bruyante où la parole n'accourt
    À procura da sombra de uma luz que não há./Recherchant les ombres d'une lueur qui n'est pas.


    Paroles et Musique : Ary dos Santos et José Afonso
    Album : "Contos Velhos Rumos Novos" (1969)


    "Cantiga de Amigo"



    Je traduis (en vers de douze syllabes, en alexandrins, pour adopter un rythme, qui me semble correspondre à ces longues plages, informulées, qui se trouvent entre les mots ; le poème a sa densité par ces longues plages intercalaires, par ces non-dits).


    Nem um poema nem um verso nem um canto/Ni un poème ou un vers ou un chant
    tudo raso de ausência tudo liso de espanto/tout rempli à ras bord d'absence, tout glissant d'épouvante
    e nem Camões Virgílio Shelley Dante/et ce n'est pas Camões, Virgile, Shelley, Dante
    - o meu amigo está longe/- mon ami se trouve fort dans l'éloignement
    e a distância é bastante./et ce qui nous sépare est plus que suffisant.


    Nem um som nem um grito nem um ai/Pas un bruit, pas un cri, pas un gémissement
    tudo calado todos sem mãe nem pai/tout est là à se taire, tous sans antécédent
    Ah não Camões Virgílio Shelley Dante/Ah non, ni Camões, Virgile, Shelley, ou Dante
    - o meu amigo está longe/- mon ami se trouve fort dans l'éloignement
    e a tristeza é bastante./et mon abattement est plus que suffisant.


    Nada a não ser este silêncio tenso/Rien qui ne soit hormis un silence tendu
    que faz do amor sozinho o amor imenso/qui de l'amour seulet fait un amour sans bornes.
    Calai Camões Virgílio Shelley Dante/Taisez-vous, Camões, Virgile, Shelley, et Dante.
    - o meu amigo está longe -mon ami se trouve fort dans l'éloignement
    e a saudade é bastante./et ce qui mine au cœur est plus que suffisant.


    Le titre "Cantiga de Amigo" est le rappel d'un des trois genres majeurs des tгоubadours galaïco-portugais, qui sont "La Chanson d'amour", "La Chanson de moquerie et de médisance", "La Chanson d'amie".


    La chanson d'amie assume,


    la voix de la narration étant identifiée à la femme attendant le retour de son amour,


    le regret, l'abattement, le désespoir, les mille folies, les mille détours de l'hallucination de la présence, les pressentiments du malheur, les joies faussement espérées, les déceptions qui s'aigrissent,


    et toute la sепsuаlité qui s’exacerbe dans l'absence de l'aimé.


    Et, ainsi, la chanson d'amie, peut devenir un chant homophile, dans sa visée d'un homme au loin, qui ne revient pas, et qui par son absence marque d'autant plus l'esprit de celui qui le porte dans son souvenir.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 20 janvier 2014 à 14:43



    Je traduis.


    Meu amor meu amor/Mon amour, mon amour
    meu corpo em movimento/Моп согрs qui va en se mouvant
    minha voz à procura/Ma voix qui va à la recherche
    do seu próprio lamento./de sa propre lamentation.


    Meu limão de amargura meu punhal a escrever/
    Mon citron d'amertume mon poignard pour écrire
    nós parámos o tempo não sabemos morrer/
    Nous avons arrêté le temps nous ne savons pas mourir
    e nascemos nascemos/Et nous prenons naissance, nous prenons naissance
    do nosso entristecer./aux sources de notre accablement.


    Meu amor meu amor/Mon amour mon amour
    meu nó e sofrimento/Mon nœud et ma souffrance
    minha mó de ternura/Ma roue giratoire qui me pétrit de tendresse
    minha nau de tormento/Mon navire à charge de tourments.


    Este mar não tem cura este céu não tem ar/
    Cet océan est sans issue ce ciel n'a pas d'atmosphère
    nós parámos o vento não sabemos nadar/
    Nous avons arrêté le vent nous ne savons pas nager
    e morremos morremos/et nous mourons, nous mourons
    devagar devagar./Lentement lentement.


    A remarquer : la ponctuation minimale du texte original, qui ne paraît connaître que le point final et la majusсule du début de la phrase.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 21 janvier 2014 à 21:53
    Pourquoi croyez-vous, ô passants, que je crée de tels sujets, alors que certains affichent du dédain pour le portugais, voire un ras-le-bol ?

    Mais pour le рlаіsіг, pur et simple, de partager avec vous des émotions, et des beautés.

    Ô, gars qui passez...

    Merci d'être passés !

  • cactus_sss Membre suprême
    cactus_sss
    • 22 janvier 2014 à 12:05
    Pas le moindre dédain en ce qui me concerne mais comme dans toute chose, il faut savoir s'arrêter au moins un moment, sinon ça lasse et ça n'intéresse plus!

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