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Le ramier - André Gide - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Le ramier - André Gide
  • chezvolodia Membre pionnier
    chezvolodia
    • 10 mai 2018 à 13:43
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    Quatrième de couverture :

    Le 28 juillet 1907, André Gide, qui s'éjournait dans la propriété de son ami Eugène Rouart à Bagnols-de Grenade, non loin de Toulouse, fait la rencontre d'un jeune homme, Ferdinand, fils d'un valet de ferme.

    Avec celui qu'il surnommera le "ramier", en raison d'une sorte de roucoulement qu'il produisait en faisant l'amour, l'écrivain presque quadragénaire va vivre une nuit d'extase dont il sortira "plus jeune de dix ans". A сhаuԁ, il écrira le récit lyrique et minutieux de cet épisode, et le fera lire à quelques proches, dont Jacques Copeau. Plusieurs fois, Gide reviendra à Bagnols, et se préoccupera du sort du jeune Ferdinand, qui mourra en 1910. Mais son Ramie, il ne le publiera jamais.

    Près d'un siècle après qu'il a été écrit, voici donc, retrouvé récemment par Catherine Gide dans les dossiers de son père, ce Ramier totalement inédit que les lecteurs de l'écrivain découvriront avec bonheur : rarement Gide se sera montré aussi libre, aussi spontané.

    Une étude sur Le Ramier, enrichie d'extraits inédits de la correspondance Gide-Rouard, complète ce volume.

    Editions : NRF Gallimard - ISBN : 2 07 076691 8 - Broché 70 pages -
    Mon avis : Volodia

    Ce livre n'a pas de qualité littéraire particulière, hormis qu'il n'avait pas vocation à être publié. Il s'agit d'une nouvelle éгоtіԛuе et autobiographique toute en élégance et en retenue" comme Gide sait le faire si naturellement. Son titre en est, s'il le fallait, la preuve : Le Ramier nom que Gide donne à son аmапt qui roucoule comme tel au moment de l'étreinte. Par ailleurs, ce qui pouvait passer pour une révélation sulfureuse pour l'époque, est pour la nôtre bien "sage".

    Ceci dit, j'ai été beaucoup plus intéressé par la façon dont ont été découverts les feuillets narrant cette aventure, ainsi que par les relations Gide-Rouart. Les précautions d'usage, les codes de reconnaissance employés avant la revélation à l'un comme à l'autre de ce qu'ils sont et de ce et ceux qu'ils osent aimer...

    Je note également, la complaisance des épouses, filles de l'époque qui n'avait aucune illusion sur les goûts de leur époux, de leur père et qui si elles en avaient savaient fermer les yeux avec complaisance.
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 10 mai 2018 à 16:32
    J'ai lu ce livre.

    J'y ai trouvé, justement du fait des non-dits d'époque et de la retenue censurant les expressions crues, un amour très émouvant des garçons.

    Nulle hypocrisie, malgré l'époque. Le "ramier" est un de ces garçons méridionaux, d'une élégance corporelle évidente, frappant de jeune virilité, sans façon (et ne se posant pas"la" question de l'hétéгоsехualité ou de l'hоmоsехualité) et s'accordant sans minauderie.

    Ce sera un des souvenirs les plus prégnants de Gide : il n'aura jamais détruit ces quelques feuilles, soigneusement conservées dans un dossier. Il est frappant que le сhагmе de la nuit méridionale, la douceur du temps, les arbres et la jeunesse tôt disparue du protagoniste (mort quelque temps après de tuberculose) ait donné forme à un souvenir persistant et enchantant une vie entière.

    C'est justement le caractère sans apprêt de cette nouvelle, sa сhаlеuг sепsuеllе jamais précisée par des mots trop descriptifs, et l'inachèvement de cette aventure de passage qui m'ont touché.

    André Gide se plaisait davantage à la conquête, aux préliminaires, aux étreintes exploratrices corps à corps qu'au reste en découlant : c'était sa manière de toujours maintenir la vivacité de ses attirances !

    -------------------------------------------------------------------

    Voilà, Volodia.

    Je recommande сhаuԁеment ce livre qui composera au lecteur des images délicates, dans une atmosphère de songe. Et ces images pourront réapparaître comme elles sont revenues à André Gide tout au long de sa vie.

    De plus, que la fille d'André Gide n'ait pas disposé de ce texte en le passant sous silence mais l'ait livré à la publication témoigne d'une grande fidélité à l’intégralité personnelle et à l'intégrité sensible d'André Gide.

    Puissent tous les exécuteurs et ayants-droit littéraires agir avec cet honnête dévouement.
  • jacques3223 Membre élite
    jacques3223
    • 10 mai 2018 à 16:47
    Pour l'anecdote, à Toulouse existe l’îlot du Ramier et qui se trouve être un lieu de drague les plus couru. Ceci n'ayant rien à voir avec cela, juste que la coïncidence est amusante.
  • parfum-de-femme Membre élite
    parfum-de-femme
    • 10 mai 2018 à 22:54
    Ma réaction n'est pas très litéraire mais, si ça se trouve, le roucoulement du jeune homme était symptomatique de la tuberculose…
    Ça fera 35€
  • jacques3223 Membre élite
    jacques3223
    • 11 mai 2018 à 07:10
    En réponse au message de parfum-de-femme :

    Ma réaction n'est pas très litéraire mais, si ça se trouve, le roucoulement du jeune homme était symptomatique de la tuberculose…
    Ça fera 35€

  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 12 mai 2018 à 02:18
    En réponse au message de parfum-de-femme :

    Ma réaction n'est pas très litéraire mais, si ça se trouve, le roucoulement du jeune homme était symptomatique de la tuberculose…
    Ça fera 35€

    Le roucoulement était celui de l'oiseau, non la pénible expiration frottant l'air à la chair et produisant un frottement dis-harmonieux : toute la nouvelle baigne dans une atmosphère campagnarde ; le jeune homme (17 ans, si je me souviens) est un jeune paysan saisi dans sa beauté de coureur cycliste et dans sa virilité de garçon bien conformé.

    Et si l'on y distinguait l'accord іпtіmе d'un jeune homme avec son environnement d'arbres froissés par le vent, de сhаlеuгs lourdes et soudain dissipées, avec des êtres animaux auxquels s'identifier : un jeune homme prenant son envol comme un oiseau, dans l'éjасulation ?
  • parfum-de-femme Membre élite
    parfum-de-femme
    • 12 mai 2018 à 14:34
    Ce qui est quand même pas banal, c'est de sortir un livre de 70 pages tiré d'un manuscrit hautentique d'André Gide de… 7 pages, même pas écrites des deux cotés.

    Je trouve cela assez cavalier de la part d'un éditeur d'envergure comme Gallimard.
    "inspiré ou d'après une nouvelle d'André Gide" aurait été plus fidèle et correct vis à vis de cet auteur…
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 12 mai 2018 à 21:30
    Mais enfin, est-ce tous les jours que se découvrent des inédits d'André Gide ?

    Cet épisode de sa vie constitué en une nouvelle se laisse lire avec рlаіsіг : l'éblouissement sепsuеl, la chasse aux garçons, la beauté peu farouche du jeune paysan, une atmosphère de nuit qui tombe et d'arbres larges et de chemins frayés par la promenade et de fenêtres ouvertes sur le ciel...

    Une mise en perspective par une préface n'était pas superflue.

    Parfum de femme, ce texte m'a ému : là est l'important.
    Quant à la librairie, c'est un commerce.
    De plus, la nrf-Gallimard est l'éditeur historique d'André Gide :l'édition de ce texte se trouve, donc, amplement justifié, à mes yeux !

    Voilà : j'aime ce livre, comme j'aime "Paludes" du même André Gide, comme j'aime son "Voyage au Congo (suivi de) Le retour du Tchad", comme j'aime son "Retour de l'U.R.S.S." (suivi de) "Retouches à mon "Retour de l'U.R.S.S"" !

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