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Dilemmes au soleil
En cette сhаuԁе fin d’après-midi, l’estafette parcourait sans rechigner l’autoroute vers Montpellier, à l’intérieur le silence s’était installé. Riton au volant et Evelyne comme copilote scrutaient la route, derrière eux Fred et Claude tentaient de se remettre des émotions de la journée en se massant affectueusement l’un après l’autre les épaules et la nuque. A l’arrière, à côté d’Annette, Gino, les yeux perdus dans le paysage qui défilait et le portable collé à l’oreille écoutait avec circonspection les paroles de Paul, ne ponctuant le monologue de son ami que de quelques « ja » à peine audibles. Ses compagnons de route qui, de temps en temps lui jetaient des regards furtifs, remarquèrent que son visage habituellement si doux commençait à se crisper.
« Wat zeg je ? Een zооn ? Oh Nee… Genoeg is genoeg, ik kan er niet tegen ! » dit-il sèchement en raccrochant brusquement avant de se murer dans le silence. La douce Annette qui avait compris le serra dans ses bras pour le réconforter.
« Ça va aller mon gigi, tu m’expliqueras ce soir» lui dit-elle
Evelyne décidée à faire diversion reprit alors la parole et se lança en tentant une pointe d’humour :
« Hum, les amis, nous avons pris beaucoup de retard avec les péripéties de la journée, et nous allons vers Montpellier sans savoir où passer la nuit… J’ai une proposition à vous faire… Cet après-midi pendant que nous étions partis à la recherche de Gino lors de sa tentative de s… euh… de saut à l’élastique »
« J’avais pensé que Gino pouvait avoir eu l’idée d’aller se baigner dans le Gardon et j’étais donc descendue par le petit chemin escarpé qui mène jusqu’à sa rive. J’ai poursuivi mon exploration le long de la berge, et, dans un méandre de la rivière, à l’abri d’un bosquet de chênes verts, j’ai aperçu au loin une personne entièrement nue, allongée au soleil sur un rocher surplombant la rivière. Croyant avoir reconnu la silhouette de Gino à travers le feuillage qui la cachait partiellement, je me suis approchée en criant son prénom. Mais à quelques mètres de la personne, elle se redressa en m’entendant arriver sans même couvrir d’une serviette son splendide corps galbé, ехhіЬant fièrement et sans pudeur deux délicats petits sеіпs fermes et veloutés comme des abricots gorgés de soleil. Elle m’a dit de m’approcher pour lui expliquer ce que je cherchais. Arrivée à sa hauteur j’étais un peu gênée par sa пuԁіté mais mon inquiétude au sujet de Gino m’a fait oublier ma retenue. J’ai donc commencé à lui expliquer ce qui m’amenait jusqu’ici. Elle n’arrêtait pas de me fixer de ses magnifiques yeux noisette. La brise légère et сhаuԁе agitait ses longs cheveux bruns qui brillaient sous l’ardent soleil du midi, elle les replaçait nonchalamment derrière l’oreille d’un geste sепsuеl à chaque fois qu’un souffle venait les décoiffer. Elle m’a dit qu’elle n’avait aperçu personne mais qu’elle voulait bien m’aider dans mes recherches.
A ce moment j’ai entendu des cris provenant du haut du pont et j’ai aperçu de loin la scène irréelle d’un individu jouant les équilibristes sur la rambarde du pont surmonté d’un volatile multicolore vociférant énergiquement. Comprenant la situation j’ai décidé de vous rejoindre immédiatement sur le pont, remerciant rapidement la charmante inconnue. Elle m’a pris la main pour me retenir un instant en me disant que son prénom était Kelly, que ses parents avaient une exploitation viticole à Montbazin près de Montpelier et qui si nous cherchions un hébergement pour la nuit, elle disposait de plusieurs chambres pour nous loger gracieusement. Elle me donna sa carte de visite en me faisant un clin d’œil et un sourire. Sans réfléchir, j’ai mis la carte dans mon sac et sans même la saluer, j’ai repris le sentier escarpé pour vous rejoindre en haut du pont. »
Evelyne proposa donc à ses amis, avec un certain engouement, de rappeler sa galante inconnue. Tous acquiescèrent à son initiative, seule Annette se montrait plus réservée, elle qui, la veille, avait passé une des meilleures soirées de sa vie en compagnie d’Evelyne, éсumant les bars d’Aix-en-Provence, et finissant la soirée par hasard dans un bar lesbien où, à 2 h du matin, enivrées par l’ambiance joyeuse et quelques verres de trop, elles avaient échangé un langoureux Ьаіsег, le premier de leur vie avec une femme, qui les avait ргоfопԁément troublées et exaltées. Elle ne comprenait plus aujourd’hui le désintérêt d’Evelyne à son égard.
Evelyne appela Kelly qui était déjà rentrée chez ses parents. Elle proposa avec enthousiasme d’accueillir la joyeuse troupe. Evelyne raccrocha en disant « bisous ma jolie » ce qui chiffonna encore plus la romantique Annette.
Ils arrivèrent à l’heure à l’exploitation guidés par l’imperturbable GPS dont l’espiègle Colloc se faisait un devoir de répéter les indications, ce qui finissait par agacer tout le monde. Kelly les attendait déjà devant le portail de la propriété et leur fit signe d’entrer dans la cours avec l’estafette, ses parents sortirent du bâtiment à ce moment et accueillirent avec un grand sourire et de chaleureuses embrassades nos amis interloqués d’un si cordial accueil.
« Ne vous inquiétez pas » dit Kelly, « Mes parents savent que je suis lesbienne et ils me soutiennent ainsi que les LGBT dans nos droits ».
Evelyne était admirative et très impressionnée d’un tel aplomb, Annette un peu en retrait rougissait. Les garçons commençaient à trouver cette fille et sa famille fort sympathiques.
Les parents de Kelly proposèrent aux amis de leur indiquer leur chambre et de les aider à descendre leurs affaires. Il y avait suffisamment de chambres pour chacun mais bien sûr Fred et Claude souhaitaient partager la même, ce qui ne posa pas de problème, les lits étant suffisamment grands. Les autres prirent une chambre chacun.
Kelly proposa ensuite à nos amis, avant de diner, une visite des chais de l’exploitation produisant un délicieux « Côtes du Languedoc ». Ils déambulèrent dans les allées accompagnés de leur charmante guide qui n’était pas avare d’explication sur les méthodes de vinification et faisant goûter les meilleurs crus. Evelyne était suspendue aux lèvres de leur hôte ne la lâchant pas d’une semelle et ne manquant pas au détour de l’une ou l’autre allée de frôler sa peau si douce.
Il était déjà 20 heures, Kelly suggéra de rejoindre la maison pour passer à table, son père, excellent cuisinier, avait préparé le diner. Le repas composé de produits du terroir fut sucсulent et l’accompagnement en vin était parfait. Kelly qui animait la conversation dit soudain sous forme de boutade :
« il ne resterait pas une place dans votre mini-bus ? »
Les amis se regardèrent étonnés et commencèrent à sourire en pensant qu’il s’agissait d’une blague.
Kelly se tourna vers ses parents et leur demanda si ils seraient d’accord, au cas où les amis accepteraient, qu’elle les accompagne dans leur périple, pour qu’elle suive avec eux le parcours du Tour, en effet à 22 ans elle n’avait presque pas voyagé et cela lui permettrait de visiter quelques régions de France. Ses parents avec un sourire donnèrent leur accord, reconnaissant que ces vacances étaient bien méritées après l’aide qu’elle leur avait apportée à l’exploitation depuis le début de l’année. Kelly explosa de joie et Riton déclara au nom de tous qu’il sera ravi de l’accueillir dans le groupe. Le repas se poursuivi joyeusement jusque tard dans la soirée et c’est repus et légèrement enivrés, que les convives après avoir remercier leurs hôtes, rejoignirent leur chambre.
Annette n’avait pas oublié la conversation téléphonique de Gino sur le trajet et voulait faire le point avec lui sur la situation avant d’aller se coucher, elle décida donc de l’accompagner quelques minutes dans sa chambre pour qu’il se confie. Il lui dit que Paul lui avait avoué qu’il avait un fils du nom d’Ismaël et toute l’histoire de sa conception. Qu’il regrettait leur dispute et leur séparation mais qu’il ne comprenait pas que Paul ne lui ait pas parlé de cet enfant, eux qui avaient prévu de se marier à la fin du mois d’août. Il dit à Annette que pour le moment il était trop perturbé pour lui pardonner, d’autant plus qu’il avait remarqué depuis deux jours les regards insistants et les sourires de ce joli cœur de Riton et que pour tout dire il n’y était pas insensible. Il vivait avec douleur ce dilemme, espérant que la suite du voyage l’aiderait à résoudre son hésitation.
Annette lui souhaita une bonne nuit et se dirigea vers sa chambre située en face. Elle sursauta en apercevant dans la pénombre une silhouette assise sur son lit, paniquée elle alluma la lumière et eut la surprise de voir Evelyne qui l’invita à s’asseoir à ses côtés.
« Ma douce » lui dit-t-elle « je voulais m’excuser pour l’attitude que j’ai eue aujourd’hui. Je dois avouer que depuis deux jours, j’ai l’impression de ne plus savoir où j’en suis, hier nous avons échangé un Ьаіsег si passionné que j’en étais bouleversée et aujourd’hui j’ai rencontré notre charmante hôte, pardon si je te fais souffrir, mais tout cela est nouveau pour moi et je suis face à un dilemme que j’aurais espéré ne jamais rencontrer… J’espère que la nuit nous portera conseil à tous»
Annette un peu soulagée de cet aveu et de ces excuses retrouva un léger sourire.
« Oui Evelyne, je ne t’en veux pas pour ton attitude, même si j’ai été un peu blessée aujourd’hui par ton manque d’intérêt, je suis contente que tu aies pris la peine de venir t’expliquer, demain en effet sera un autre jour et une autre longue route nous attend avant d’atteindre Albi »
Evelyne la serra dans ses bras et déposa un tendre Ьаіsег sur sa joue.
« Merci pour ta compréhension » lui dit-elle « je sais que tout cela est nouveau aussi pour toi, mais sache que quoiqu’il arrive je n’oublierai jamais le premier Ьаіsег que nous avons échangé »
Elle partit se coucher dans sa chambre, laissant Annette apaisée
j'ai hate à la prochaine...merci