Je vais émettre quelques hypothÚses.
Pour Lessismore, la pensée est synonyme, selon la formule fort mal vulgarisée de Descartes, "Cogito, ergo sum", d'individualisme, de cogitations personnelles.
Il me semble qu'elle aspire Ă un Ă©tat de conscience, oĂč la pensĂ©e globale et non mĂ©diatisĂ©e par la pensĂ©e parcellaire, individuelle, se confondrait avec un Ă©tat de conscience - une sorte de satori - au-delĂ des mots., et se confondant avec un esprit de l'Univers (le Logos).
Bref, Lessismore me semble vivre dans l'illusion de la connaissance immédiate, illuminatrice, qui n'est pas tributaire de l'effort de la pensée personnelle.
Cependant, seuls ces efforts, de chacun, communiquĂ©s Ă d'autres, bĂątissent les Ă©tapes indispensables Ă la constitution d'une riche prise de connaissance des choses et des ĂȘtres.
La connaissance n'est pas un donné, auquel il suffirait de s'ouvrir (comme le moine tibétain attendant l'illumination), mais c'est un processus humain et collectif, se construisant au fil du temps et par coopération.
Et la connaissance est toujours connaissance de quelque chose : ce qui devrait interdire de l'employer dans l'absolu, comme le fait Lessismore.
Alors, je crois qu'il y a plus des différences de choix philosophiques que de problÚmes de définition dans les propos ci-dessus : Lessismore est clairement du cÎté de l'idéalisme philosophique en matiÚre de "gnoséologie" (de doctrine de la connaissance).
Mais, certes, qu'elle explicite ce qu'elle entend par certains mots confirmerait ou infirmerait ce que j'avance lĂ .
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"La conscience, c'est sentir" dit-elle.
Voilà qui confirme ce que j'écrivais.
La pensée a besoin des mots pour exprimer les choses et les sensations multiples et les sentiments que chacun conçoit.
Sentir ce n'est pas un acte unique, mais une multitude de prises de contact avec les choses au travers des sensations qui se combinent, interfÚrent, se mélangent.
Et ces sensations demandent une réflexion pour les coordonner et les élever au niveau - au-delà des perceptions - de la conscience.
La conscience, selon Lessismore, serait l'accĂšs immĂ©diat Ă une rĂ©alitĂ©, "par un lĂącher prise" (langage du "new age" et de la conscience vue comme mĂ©ditation chassant les pensĂ©es importunes), si bien que nous n'aurions plus une connaissance, pratique et sĐŸumŃsĐ” au critĂšre de la pratique pour savoir si elle est vraie ou fausse (et les enfants, oui, ont besoin de quelque peu se brĂ»ler pour expĂ©rimenter le feu), et en vue de la pratique, une connaissance ayant un contenu fondĂ© sur la relation pratique que nous entretenons avec nous et avec le monde.
Nous aurions une Connaissance hypostasiĂ©e (munie d'une majusŃule), irradiant en Lessismore se laissant ŃéпétгДг, sans la mĂ©diation des mots, par l'Univers.
Pour moi, la conscience est une suite d'actes réflexifs, de pensées ayant des contenus, qui ont trait au monde, à mes sensations et à mes sentiments.
La fusion avec le donné n'est pas conscience mais confusion. Par ailleurs, cette fusion, et l'exclusion des mots, n'est jamais qu'une impression, un avatar de la pensée.
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Lorsque j'exprime que Lessimore est idéaliste quant à sa doctrine de la connaissance, ce n'est pas une injure, ni un reproche, seulement ce que je pense reconnaßtre.
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-- Par contre, là , Lessimore, l'on voit bien que tu n'as pas fréquenté prÚs des gouffres, privée de pensée, car un tel mépris de la pensée (celui que tu exprimes) n'est jamais donné qu'à ceux qui, richement dotés, dédaignent de penser.
Une bonne petite psychose, du temps de ton enfance, t'aurait fait expérimenter toute la nécessité vitale de la pensée, et combien celle-ci doit se conquérir.