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Remodelage géostratégique - Politique & Droits des homosexuels

Sujet de discussion : Remodelage géostratégique
  • sammy16 Membre expérimenté
    sammy16
    • 8 janvier 2012 à 10:15
    L'Occident considère le monde arabo-musulman comme ensemble allant du Maghreb au Pakistan. Le 19e siècle a vu l'émergence d'un mouvement de conquête du monde arabo-musulman porté par un orientalisme de colonisation à la Sylvestre de Sacy.
  • zinneke Membre élite
    zinneke
    • 8 janvier 2012 à 10:29
    Le 21ème siècle verra la poursuite de la perte de puissance des Etats-Unis et la fin de son hégémonisme sur le monde qui ont marqué le 20ème siècle.
    C'est surtout la Chine et dans une moindre mesure l'Inde qui verront leur puissance et leur influence sur le globe se renforcer dans les prochaines décennies.
    En ce qui concerne le monde arabo-musulman, je pense qu'il est traversé de trop de dissensions pour parvenir à se liguer et à former un bloc d'influence mondiale, de plus l'épuisement des réserves de pétrole qui arrivera très rapidement maintenant (dans moins de 40 ans) va les priver de l'essentiel de leur source de revenus
  • sammy16 Membre expérimenté
    sammy16
    • 8 janvier 2012 à 10:44
    Le 21ème siècle verra la poursuite de la perte de puissance des Etats-Unis et la fin de son hégémonisme sur le monde qui ont marqué le 20ème siècle.
    C'est surtout la Chine et dans une moindre mesure l'Inde qui verront leur puissance et leur influence sur le globe se renforcer dans les prochaines décennies.
    En ce qui concerne le monde arabo-musulman, je pense qu'il est traversé de trop de dissensions pour parvenir à se liguer et à former un bloc d'influence mondiale, de plus l'épuisement des réserves de pétrole qui arrivera très rapidement maintenant (dans moins de 40 ans) va les priver de l'essentiel de leur source de revenus

    La stratégie des sionistes dans le monde arabo-musulman est de tisser des réseaux de relations et d'alliances solides avec certaines parties au détriment des autres. C'est ainsi que les faux problèmes rituels et linguistiques sont mis en avant de la scène pour diviser les habitants d'un même pays ou des pays frères entre eux : sunnisme contre chiisme et Amazighs contre Arabes. En 2006, les Juifs américains ont organisé un grand rassemblement à Washington pour la guerre contre le Soudan. Le lobby juif-sioniste créa «Save Darfour » en vue de disloquer le Soudan. En France, les philosophes charlots Bernard Henry Lévy, Glucksmann et Bruckner mobilisent la communauté juive sioniste autour de «Urgence Darfour » pour le même objectif. Après le 11 septembre 2001, l'Afghanistan est colonisé, en 2003 l'Irak est détruit, en 2006, le Liban est envahi, en 2009, Gaza est massacré et en 2011, le Soudan est disloqué et la Jamahiriya disparue. Après tout cela, les dirigeants arabo-musulmans continuent à tourner le dos à leurs peuples. Ils ne se sentent pas visés. Ils continuent la fuite en avant et à construire leur légitimité sur la force armée et l'injustice. Ils n'ont pas encore compris que la force armée ne sert à rien si le peuple est opprimé. L'histoire est là pour nous instruire.

    Quand le dernier roi Al-Musta'sim des Abbassides a été surpris dans son palais par Hulagu Khan en 1248, le peuple de Baghdâd n'a pas voulu le défendre ni d'ailleurs son armée. Il ordonna à ses serviteurs d'apporter tous les objets de valeur et à les offrir à Hulagu en espérant avoir la vie sauve. Après avoir fini de tout donner à Hulagu, ce dernier le soi-disant barbare, redistribua ces objets à ses soldats. Puis il demanda à Al-Msuta'sim pourquoi il ne s'est pas déplacé au-delà des ponts de Baghdâd pour lui barrer la route. Al-Musta'sim lui expliqua que c'est la volonté de Dieu et qu'il ne pouvait rien. Et Hulagu de répondre : puisque c'est la volonté de Dieu qui a fait que tu n'as pas voulu me résister, alors je vais ordonner de te décapiter et c'est aussi la volonté de Dieu et il l'a décapité devant sa cour (Tariq Ali, Bush à Babylone, la recolonisation de l'Irak, La Fabrique Editions, parie, 2004, 248 pages).
  • zinneke Membre élite
    zinneke
    • 8 janvier 2012 à 10:56
    Sammy, je sais que je vais te choquer et même probablement te heurter, mais sans vouloir entrer dans une polémique sans fin, je pense qu'un pays ou une nation ne peut vraiment se développer que si elle sépare nettement et clairement l'Etat et la Religion. Les nations les plus prospères dans le monde ont fait ce choix.
    Or on constate depuis 20 ou 30 ans que c'est un peu l'inverse qui se produit dans les pays arabo-musulman, la religion revenant en force dans les affaires de leurs Etats et les évènements de 2011 l'ont encore prouvé davantage (Tunisie, Lybie, Egypte).

    Sachons LAÏCITE préserver et défendre, c'est le meilleur rempart contre les fanatismes
  • sammy16 Membre expérimenté
    sammy16
    • 8 janvier 2012 à 11:24
    En Tunisie, les blogueurs et tous les libéraux, démocrates et autres progressistes qui ont été les chevilles ouvrières de la révolte populaire ayant déboulonné le régime dictatorial et corrompu de Zine El Abidin Ben Ali, n'en reviennent pas des résultats du premier scrutin-clef organisé dans le pays après le triomphe de la « révolution du jasmin ». Ils sont douchés et ébranlés dans leurs certitudes par la victoire incontestée et incontestable du parti islamiste Ennahda. Une victoire qui a fait dire à une citoyenne que « les urnes ont montré que le peuple n'était pas forcément celui visible sur internet et les plateaux télévisés ».

    Il ne fait aucun doute que le courant libéral et progressiste tunisien s'est auto-intoxiqué par la croyance que le projet de société prôné par lui est devenu majoritaire dans le pays par le seul fait que « la révolution du jasmin » se soit produite. Ce qui lui a fait commettre l'erreur de mésestimer l'attrait sur la population tunisienne par celui proposé par les islamistes, dont Ennahda est le chef de file.

    Une auto-intoxication aggravée par la perception optimiste que l'on a développée en Occident sur le caractère « réfractaire » de la société tunisienne à l'islamisme politique et ses sirènes. Au final, libéraux et démocrates tunisiens ont commis la faute de ne pas s'unir pour empêcher le parti islamiste de rafler la mise. Un front libéral et démocrate en mesure d'éviter que la formation islamiste engrange le spectaculaire résultat qui est le sien. Les perdants du scrutin découvrent avec amertume qu'il y a loin du rêve qu'ils ont nourri dans le vent de la « révolution du jasmin » et les faits tels qu'ils ressortent du premier scrutin transparent et régulier, et donc inattaquable, que son triomphe à rendu possible.

    Il n'y a pas qu'en Tunisie que le courant libéral et moderniste se retrouve piégé par la révolution victorieuse. En Libye aussi, il assiste, impuissant, à la confiscation de la révolte populaire par les islamistes. Et le même scénario s'est mis en place en Egypte. Et contrairement à ce qu'on a pensé dans ce courant en ces trois pays et parmi ceux d'ailleurs qui ont fait foi à ses analyses et conclusions, les puissances occidentales, censées prêcher la démocratie et le droit des libertés civiles et de conscience, ne sont pas surprises par la tournure prise par les évènements et ne feront rien pour en infléchir le cours.

    Les démocrates arabes sont le « dindon de la farce ». Dans leurs politiques à l'égard du monde arabe, les Occidentaux les ont certes encouragés à contester leurs régimes antidémocratiques en place, mais sans plus. En réalité, leur stratégie consiste à s'appuyer sur des pouvoirs autoritaires. Que des autocraties islamistes remplacent des autocraties « laïques » dans le monde arabe, cela ne pose pas problème aux concepteurs de cette stratégie. Le fondamental étant que les unes ou les autres appliquent scrupuleusement la feuille de route qu'ils leur ont assignée. Les islamistes qui arrivent au pouvoir à la faveur des révolutions qui secouent ce monde arabe ont parfaitement admis et accepté les règles du jeu imposées par l'Occident. Il pourront gouverner par la chariaa, avoir une gouvernance rétrograde dans leurs pays, mais seront totalement sоumіs aux injonctions occidentales concernant la préservation des intérêts géopolitiques et économiques des Occidentaux. Voilà à quoi visait en son but ultime le fameux projet du Grand Moyen-Orient. Maintenir cette région sous la dépendance occidentale, quelle que soit l'obédience de ceux qui la gouvernent. Sauf s'ils sont sincèrement libéraux et démocrates et donc désireux de gérer leurs pays dans le respect de la volonté souveraine de leurs peuples.
  • zinneke Membre élite
    zinneke
    • 8 janvier 2012 à 12:34
    Oui et c'est un bien mauvais coup du sort que le printemps de jasmin se transforme en hiver islamiste, j'espère très sincèrement pour eux qu'ils sauront éviter de retomber dans l'obscurantisme moyenâgeux qui menace
  • sammy16 Membre expérimenté
    sammy16
    • 8 janvier 2012 à 18:27
    Quand des puissances étrangères s'en mêlent, c'est évidemment pour défendre leurs intérêts, pas ceux du pays concerné. Il devient dès lors difficile d'admirer les jasmins d'un printemps qui risque de privilégier les intérêts des vieilles puissances coloniales ou néo-coloniales.
  • sammy16 Membre expérimenté
    sammy16
    • 8 janvier 2012 à 18:44
    La France sera «vigilante» en Tunisie et conditionnera son aide au respect des droits de l'homme. Le message du ministre français des Affaires étrangères a choqué car il était oublieux de l'extraordinaire appui de l'Etat français au régime policier de Ben Ali. Il est en effet amusant de relire les déclarations des responsables français, il y a encore quelques mois, à l'aune de cette soudaine exigence en matière de respect des droits de l'homme immédiatement après une expression reconnue libre des Tunisiens.

    Pourtant, il faut reconnaître à M. Juppé qu'il fait dans une forme de mesure et de pondération quand on compare avec le torrent de commentaires condescendants et méprisants qu'on lit dans les journaux. Là, on ne contente pas d'être «vigilant» - chose qui pourrait être souhaitable dans tous les cas -, on juge, on étripe et on adresse des sommations. Chez ces spécialistes qui se piquent de connaître l'intérêt des Tunisiens mieux que les Tunisiens eux-mêmes on a carrément oublié que la Tunisie n'est plus sous protectorat français depuis 1956. Hubert Védrine, qui n'a rien d'un défenseur de la démocratie sous nos latitudes, s'est senti obligé, face au déferlement de commentaires ridicules, de rappeler que la Tunisie n'est pas sous protectorat de la France. Merci, merci !

    Le vote des Tunisiens est «gênant» ? C'est vrai que ce vote n'est pas conforme à l'image qu'avez voulez faire de la Tunisie et que vous avez contriez à propager. Aujourd'hui, vous y reviendrez presque. On ne tardera pas à entendre exprimer crûment que la Tunisie avait une «bonne dictature» et que Ben Ali était un grand homme, un «visionnaire». Des chroniqueurs donneurs de leçons, qui ne trouvent aucun reproche à faire à la théocratie en Israël et qui considèrent que le Front national fait partie «naturellement» de l'échiquier politique français, vous ne supportez pas le vote des Tunisiens.

    Au fond, vous considérez toujours qu'au sud de la Méditerranée, le système du double collège doit se perpétuer. Il y a le bon collège - celui des Ben Ali, gardiens et «remparts», et quelques élites qui «nous ressemblent» - qui doit gérer le pays par délégation. Quant aux autres, il faut les considérer comme des mineurs, des subversifs dangereux, des kamikazes en puissance qui font de la «contre-révolution» en votant. Ces bien-pensants sont des idéologues néoconservateurs qui, même s'ils s'en défendent, n'ont que la guerre des civilisations comme argument. La démocratie tunisienne, avec ses urnes libres, n'est pas loin de devenir un nouvel ennemi de la Civilisation. Peu leur importe que les «laïcs» en Israël invoquent la Bible pour occuper les territoires palestiniens, mais vous être choqués de découvrir que, pour une partie des Tunisiens, la «foi religieuse» puisse exister.

    On découvre même un reproche totalement inattendu fait à Rached Ghannouchi : sa seconde langue n'est pas le français mais l'anglais ! Oui ! Faute grave ! L'anglais, cette langue que «tout le monde» connaît, devient dans cette plume savante la langue du Londonistan ! Risible !

    Il y a dans ces jugements à l'égard de la démocratie naissante quelque chose de définitif qui relève de la psychanalyse. Le score soviétique – et indéniablement falsifié - au référendum constitutionnel au Maroc a été suivi par un concert de louanges dans les médias français. Voilà le «bon vote» donné en exemple. Logique : on n'aime que les votes qui ne changent rien. Il faut espérer que les Tunisiens mèneront leur débat national de manière vigilante et libre, mais qu'ils ne tiendront pas compte des intrusions de ceux qui croient encore que la Tunisie est sous protectorat.

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