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L'affaire Kravtchenko - Nina Berberova - Littérature & poésie

Sujet de discussion : L'affaire Kravtchenko - Nina Berberova
  • chezvolodia Membre pionnier
    chezvolodia
    • 21 septembre 2017 à 20:21
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    Quand s'ouvre le procès Kraventchenko contre les lettres françaises, le 24 janvier 1949, il apparaît tout de suite que ce procès en diffamation va tourner au procès du régime soviétique et que la question de fond qui est posée là est celle de l'ехіtеnce de camps de concentration en URSS. Les lettres françaises appellent des témoins prestigieux qui affirment sous serment qu'il n'y en a pas et qu'il ne saurait y en avoir.On n'a encore entendu parler de ni d'une journée d'Ivan Denissovitch, ni de Soljenitsyne, ni du mot "goulag". Kravtchenko, lui, a fait venir des victimes, des personnes déplacées. Et parmi ces témoins, une femme Margarete Buber-Neumann dont le témoignage produit un effet considérable.

    Nina Berberova (qui passe sa dernière année en France) se trouve sur les bancs de la presse. Elle a compris ce qui se joue dans ces débats : non pas le sort de Kravchenko, auquel elle ne s'intéresse guère, mais... la vérité. Sa stupeur d'émigrée consternée par l'aveuglement des témoins de la défense, sa révolte contre le prestige usurpé d'un pouvoir criminel et, sa détermination à saisir l'occasion du procès pour contribuer, si peu que ce soit, à l'émancipation de l'opinion occidentale, lui inspirent des portraits, de petits commentaires inscrustés dans le compte rendu, parfois simplement des sous-titres - mais ils sont acérés comme des fléchettes d'acier. C'est cela l'effet Berberova : la rigueur du compte rendu, l'acuité du regard, la nécessité de la justice et l'efficacité du style.
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 21 septembre 2017 à 22:41
    Il est inexact qu'avant Nina Berbérova, immigrée en France pour son opposition à Octobre 1917, il n'y ait eu aucune connaissance des camps de concentration en URSS et une grande illusion sur la nature du régime stalinien !


    Tous les livres de Léon Trotsky, des années 1930 - livres qui connaissaient une grande diffusion due à la notoriété et au style du créateur de l'Armée rouge - traitent du régime de terreur stalinien ; tous les bulletins de l'Opposition trotskyste (largement diffusés en URSS) comportaient des nouvelles venant d'URSS et des textes d'internés soviétiques dans les camps de concentration staliniens,

    Le fils de L. Trotsky, Léon Sedov, a été le premier, puisque lui et son père étaient visés par les procès de Moscou de 1937-1938; à décrire le système judiciaire stalinien, son caractère coercitif, la mise en scène par Staline, les exécutions sommaires, à écrire un "Livre rouge des procès de Moscou".

    https://www.marxists.org/francais/sedov/works/1936/10/index.htm

    Léon Sedov a été assassiné par un assassin stalinien, introduit au somment de la direction européenne du mouvement pour la Quatrième Internationale, Mark Zborowski, auteur d'un livre chroniqué par Chezvolodia.

    Quand j'ai signalé son activité d'agent stalinien, Volodia m'a placé dans sa liste noire et dénigré. En bref : le stalinien Mark Zborowski, assassin de communistes, d'anarchistes, de socialistes, est par ailleurs, de l'avis de Volodia un honorable ethnologue & l'assassinat de Léon Sedov ou d'Andrés Nin, des faits insignifiants du point de vue de la qualité morale de l'individu : telle est la leçon de cette petite controverse avec Volodia !!! Voyez et lisez :

    https://www.tongay.com/forum-gay-forum-lesbienne/olam-mark-zborowsky-f18-t687071-p1.html

    De plus, Boris Souvarine, ancien membre de la direction du Parti communiste français a publié dès 1935, chez Plon, sa biographie monumentale de Staline, qui identifie en grande partie bolchevisme et stalinisme : "Staline. Aperçu historique du bolchevisme".

    http://wikirouge.net/Boris_Souvarine

    Par ailleurs, a été démonstrative la ligne contre-révolutionnaire suivie par le régime stalinien, lors de la guerre et révolution en Espagne de 1936 : contre les expropriations des grands propriétaires terriens, contre les collectivisations spontanées ; l'alliance gouvernementale avec les partis républicains bourgeois anti-collectivistes ; la révolution par "étapes", le socialisme étant au plus une lointaine perspective ; les prisons secrètes et l'assassinat d'Andrès Nin, dirigeant du POUM (Partii Ouvrier d'Unification Marxiste) et de dirigeants anarchistes par le Guépéou, tandis qu'à la même époque Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français, affirmait que le programme du Front populaire était celui du Parti radical d’Édouard Herriot.

    https://bataillesocialiste.wordpress.com/documents-historiques/1939-06-lassassinat-dandres-nin/

    Julián Gorkin, du POUM, a écrit de nombreux ouvrages, traduits en français sur le caractère sauvage du stalinisme : ainsi, "Ainsi fut assassiné Trotski", Éditions Self, Paris, 1948.

    L'écrivain Victor Serge, de plus, anarchiste rallié au bolchevisme, a fait l'objet d'une intense campagne internationale pour que Staline le laisse sortir d'URSS : bien avant N. Berbérova, ses écrits ont dénoncé le caractère réactionnaire du stalinisme et l'enfermement dans les isolateurs du grand Nord.

    http://wikirouge.net/Victor_Serge

    Bref, les communistes, cibles des staliniens, ont largement fait connaître les conditions de la vie et de la lutte politique en URSS, et le caractère rétrograde du stalinisme pour ceux qui voulaient entendre : les grands bourgeois rétrogrades, trop satisfaits de voir les communistes massacrés par Staline, entendaient une trop douce chanson à leurs oreilles, avec ces horreurs commises au nom du communisme, pour ne pas s'en réjоuіг & ne pas voir dans les massacres de mаssе un heureux effet répulsif, avantageux pour le régime de production capitaliste.



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    Quant à Margarete Buber-Neumann, elle fait partie de ces communistes livrés par Staline à Hitler, lors du pacte germano-soviétique : elle aura donc connu le goulag (deux années) et la déportation à Ravensbrück.

    Ce pacte gerrmano-soviétique n'a pas peu contribué à la démoralisation du mouvement ouvrier du monde entier (rappelons qu'une injure courante des staliniens était "hitléro-trotskiste" !!!).

    L'Armée rouge, décapitée et désorganisée par Staline, n'aura pas été préparée à la guerre contre le fascisme ; une sоumіssіоп des plus abjectes caractérisait les rapports de la bureaucratie stalinienne avec le Troisième Reich (livraison fidèle de blé, de minerais, de charbon) et les peuples de l'URSS auront payé le prix fort (vingt-huit millions de morts), pour vaincre le nazisme qui entendait mettre en еsсlаvаgе et exterminer ceux et celles qu'il considérait être des "sous-hommes" slаvеs !


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    Le récit de sa rencontre au camp de concentration nazi de Ravensbrück avec Milena Jesenska, communiste, amie et lectrice de Franz Kafka ; et le début de son autobiographie de femme déportée par le nazisme et le stalinisme.
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 21 septembre 2017 à 23:46
    En réponse au message de chezvolodia :

    49277728_p.jpg
    Quand s'ouvre le procès Kraventchenko contre les lettres françaises, le 24 janvier 1949, il apparaît tout de suite que ce procès en diffamation va tourner au procès du régime soviétique et que la question de fond qui est posée là est celle de l'ехіtеnce de camps de concentration en URSS. Les lettres françaises appellent des témoins prestigieux qui affirment sous serment qu'il n'y en a pas et qu'il ne saurait y en avoir.On n'a encore entendu parler de ni d'une journée d'Ivan Denissovitch, ni de Soljenitsyne, ni du mot "goulag". Kravtchenko, lui, a fait venir des victimes, des personnes déplacées. Et parmi ces témoins, une femme Margarete Buber-Neumann dont le témoignage produit un effet considérable.

    Nina Berberova (qui passe sa dernière année en France) se trouve sur les bancs de la presse. Elle a compris ce qui se joue dans ces débats : non pas le sort de Kravchenko, auquel elle ne s'intéresse guère, mais... la vérité. Sa stupeur d'émigrée consternée par l'aveuglement des témoins de la défense, sa révolte contre le prestige usurpé d'un pouvoir criminel et, sa détermination à saisir l'occasion du procès pour contribuer, si peu que ce soit, à l'émancipation de l'opinion occidentale, lui inspirent des portraits, de petits commentaires inscrustés dans le compte rendu, parfois simplement des sous-titres - mais ils sont acérés comme des fléchettes d'acier. C'est cela l'effet Berberova : la rigueur du compte rendu, l'acuité du regard, la nécessité de la justice et l'efficacité du style.

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    "Prestige du régime" ? Pas auprès des communistes anti-staliniens ! Ni des anarchistes ! Ni de bien d'autres secteurs.

    "L'émancipation de l'opinion occidentale" ? Il y a là une formule massifiant une "opinion", et ne distinguant pas l'influence des mass-médias de ce qui est un savoir іпtіmе des gens !

    "Le régime soviétique" ? Oui, c'est bien de l'URSS qu'il s'agit, mais la bureaucratie stalinienne est antisoviétique, et la stalinisation du Parti communiste (bolchevique) vertébrant l’État ("un ramassis de vieilleries bourgeoises et autocrates, sans la ԁоmіпаtіоп politique de la bourgeoisie" selon V. I. Lénine) commençant en 1925 nous donne : un secrétaire général organisant les prébendes, les distribuant, défendant les intérêts généraux de la bureaucratie, exterminant tous les compagnons de Lénine, menant une politique d'accommodement en Chine - entrée du PCC dans le parti bourgeois Kouomintang -, éliminant les révolutionnaires et les collectivistes pratiques en Espagne, ... ; un aЬапԁon de la perspective de la révolution devant vaincre ailleurs pour que le régime soviétique ait une assise et l'adoption de la construction du "socialisme dans un seul pays" ; la collectivisation forcée des exploitations paysannes ; l'appropriation de la plus-value par les parasites bureaucrates ; l'adhésion à la Société des Nations ("cette caverne de brigands", Lénine) ; le pacte germano-soviétique.


    Il y a bien usurpation du mot "communisme" par la bureaucratie stalinienne !

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