Ayant vécu dans des lieux d'histoire, ce n'est pas faute, pour moi, d'avoir arpenté les couloirs vides des vieilles bâtisses abandonnées (notamment celle d'un bourreau), entre autres fortifications en ruines, ou carcasses de casernes. Avec mes amis, nous y avons passé des journées entières ; des nuits aussi.
Eh bien ?
Pas un fantôme, ni une dame blanche ; pas un mort n'a eu la politesse d'abandonner son mesclun aux racines de pissenlit et de se relever pour nous chatouiller les ԁоіgts de pieds.
À chaque fois, notre confrérie des dupes volontaires jurait à l'unanimité les avoir vus et entendus, ces satanés esprits !
Nos imaginations infantiles, pourtant, ne se laissaient pas leurrer par nos perceptions sensorielles. Ce n'était jamais que hululement et glaріssеment. Qui d'une fouine en train de gratter ; qui du sifflement de la bise dans les saules ; qui de la lumière improbable réfléchie dans la nuit par la membrane sous-rétinienne d'un nyctalоре (prems, les mecs !) incertain... Autant d'occasions de marcher courageusement - et en bonne connaissance de cause - au devant d'un péril imaginaire. Couard qui s'en dédit !
Après tout, les fantômes sont faits pour ça !