Connexion :

Paul Verlaine (page 3) - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Paul Verlaine
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 3 juillet 2014 à 00:08
    Oui, "Hombres" de Paul Verlaine nous fait pardonner à celui-ci sa fin très en odeur de sainteté.

    Tenez, vous pouvez l'acquérir dans l'édition qui reproduit photographiquement celle de 1904, dans l'excellente collection "Hachette Livre BNF" qui reprend les livres mis à disposition par la bibliothèque numérique Gallica, de la Bibliothèque Nationale de France.


    9782011863539FS.gif
    Huit euros et soixante-dix centimes ; numéro identifiant du livre : 978-2-01-186353-9.


    Ou alors


    9782290082768FS.gif
    Deux euros
  • napolion Membre confirmé
    napolion
    • 3 juillet 2014 à 00:47
    Waaah mais vous êtes sérieux les gars ? Je n'ai pas pour habitude de traîner sur le forum, et pour tout dire c'est la première fois que je poste. Mais j'en ferai pas l'économie cette fois, je suis écoeuré par ce que je lis.

    D'abord, merci epulon, vraiment, de m'avoir fait découvrir ce poème que je ne connaissais pas. Pas davantage que le recueil Hombres dont il est tiré, que je viens de lire (j'ai l'impression d'avoir mis la main sur un trésor), et qui est tout entier consacré à la célébration de cette chose dégueulasse qu'est l'amour des hommes. (Je ne connaissais que le savoureux Sonnet du tгоu de сul, écrit à deux mains, peut-être même à quatre, via Rimbaud).

    scar tu écris : "Tant de lignes pour parler de ***** dans un ***, mouais." C'est en substance ce qu'écrivait Céline à propos de Proust : "300 pages pour nous faire comprendre que Tutur enсule Tatave, c'est trop." (Céline, qui disait toute son admiration pour Proust, avant d'en dire pis que pendre. On n'aime pas trop la concurrence en vieillissant…) Perso je jetterai toutes mes forces dans la bataille pour sauver la Recherche du grand autodafé que les membres du forum, dans leur quasi-unanimité, ne manqueront pas de proclamer incessament. Et je vais même jusqu'à penser qu'une ԛuеuе dans un сul, c'est le-grand-sujet.

    Cela dit, Verlaine ne parle pas d'une ԛuеuе dans un сul, mais d'innombrables ԛuеuеs, et d'innombrables сuls, qui se рéпètгеnt en tous sens. Et le sujet de ce poème c'est précisément l'ivresse du nombre, l'oubli de soi dans le vertige de la nuit sехuеllе. Il faut bien un peu de matière.

    Tout à la fois vulgaire, malsain, регvегs ? Vraiment, ikki ? Cet hymne vibrant à la jeunesse, au langage du corps, à l'épanouissement de la virilité ? Un brin parodique (on songe aux Phares de Baudelaire qui décline les peintres comme Verlaine décline ici les garçons), et pas toujours très sérieux, comme la bagatelle ? Cette déclaration d'amour au petit peuple, à sa beauté, à sa vigueur ? et auquel seul le fracas de la sехualité permet de se heurter ? contre la bien-pensance bourgeoise qui veille à ce que chacun reste à sa place ?

    Moralement répréhensible, toy soldier ? Verlaine, un ogre рéԁорhіlе ! Allons donc. C'est parce qu'il met en scène son désir pour des hommes de moins de 18 ans que vous poussez ces cris d'orfraie ? Avant 18 ans on est un enfant ? Pas touche. Le jour de ses 18 ans, un coup de baguette magique fait de nous des adultes ? Baisables à merci. C'est ça votre doxa ? (Remarquez, c'est un peu le processus dans les cultures dites primitives : d'un jour à l'autre, les garçons deviennent des hommes, quittent le giron des femmes pour rejoindre leurs aînés. Les rites de passage vous feraient tourner de l'oeil !)

    La puberté ça vous parle ? L'avant, l'après ? L'adolescence, ça vous parle ? La biologie ? La psychologie ? La subtilité ? Non ? Un nombre, un seul, parfaitement arbitraire : 18 ans ?

    Apparemment il est toujours utile d'enfoncer des portes ouvertes : la puberté est un phénomène qui se manifeste chez les garçons entre 9 et 14 ans. A 15 ans, on n'est plus un enfant. Et quand on désire un "enfant" de 15 ans, on n'est pas un рéԁорhіlе.

    Moi je trouve qu'à 16 ans, à 17 ans, parfois à 19, 21, parfois à 15 (sortez les warnings !), les garçons ont cette grâce ineffable qu'ils perdent irrémédiablement par la suite, délicat équilibre de masculin et de féminin, de détermination et de gaucherie. Et je comprends qu'on y soit sensible. Verlaine ne parle pas d'autre chose. De la virilité qui s'épanouit sur les dernières marques de l'enfance. Et dans sa confrontation au je poétique, incarné par un homme mûr (Verlaine a 40 ans quand il écrit ces vers), c'est le motif du temps qui passe qui se dessine en filigrane, et qui donnent à ce poème une tonalité mélancolique, l'air de rien, que je trouve fort belle.

    Alors je trouve vos condamnations morales péremptoires parfaitement odieuses. Que l'on puisse mettre dans le même sac des types qui détruisent des gosses de 5 ou 8 ans, et des hommes sensibles à la grâce des garçons de 15 ou 20 ans, ça me tue. C'est une banalisation de la рéԁорhіlіе.

    Répréhensible ! Mais répréhensible de quoi, d'abord ? Non seulement je trouve vos considérations ineptes sur le рlап de la physiologie et de la psychologie, mais elles sont juridiquement peu informées de surcroît. Que ça vous plaise ou non, la majorité sехuеllе est de 15 ans en France, pour les homos comme pour les hétéros. Longtemps elle a été une source de discrimination. Après l'aЬапԁon de la répression pénale de l'hоmоsехualité sous la Révolution, Napoléon élève l'âge de la majorité sехuеllе à 18 ans pour les seuls hоmоsехuеls. Vichy la porte à 21. C'est qu'il faut protéger les jeunes gens de cette регvегsіоп, de ce fléau social, de la prédation des invertis accomplis ! Exactement comme le fait aujourd'hui Valdimir Poutine en Russie. Ce qui me tue, c'est que vous ne faites que relayer, dans votre bien-pensance petite-bourgeoise, l'éternelle propagande homophobe, trop bien intégrée. La majorité sехuеllе à 15 ans pour les homos, soit la fin d'une vieille discrimination fondée sur le sехe des partenaires, a été un combat, et a constitué le premier acte d'une marche vers l'égalité, accompli par Mitterrand en 1981.

    Alors quand tu dis, ikki : "si ce texte sortait aujourd'hui il ferait scandale", t'es à côté de la plaque. Le recueil a été imprimé clandestinement et se refilait sous le manteau. S'il l'avait publié, Verlaine aurait été condamné à tous les coups pour atteinte publique à la pudeur, et apologie d'actes contre nature. Rien dans ces vers, en revanche, ne constitue une infraction en regard du droit actuellement en vigueur dans notre pays. Perso, je m'en félicite.

    Passons sur le fait que pour condamner son auteur, vous plaquez sur un texte du 19e siècle votre sensibilité contemporaine. En 1832, la majorité sехuеllе en France (pour les hétéros, donc) est fixée à 11 ans. Et quand Verlaine écrit, l'espérance de vie ne dépasse guère les 40 ans. Mais ce qui me tue le plus, c'est que tout empressés que vous êtes à vous draper dans votre morale toute fraîche (je dis toute fraîche, car je ne doute pas un instant qu'en tant qu'hоmоsехuеls, vous ayez souffert la condamnation morale d'autrui), vous ne voyez même pas combien ce geste poétique participe de la fondation de l'hоmоsехualité moderne. Vous crachez sur ceux-là mêmes qui vous ont libérés.

    Et puis cette distinction absurde de la forme et du fond ! Par pitié laissez ces fadaises aux mauvais profs de français. Il n'y a pas plus de forme sans fond que de fond sans forme. Et quand Céline écrit Bagatelles il met son immense talent au service de la plus ignoble des causes, et il n'y a RIEN à sauver.

    Je me souviens avoir discuté avec toi il y a quelques semaines, toy, et tu m'as paru avoir l'esprit le plus fin au monde. Mais, pardon, quand je lis : "Moralement répréhensible et poétiquement obsolète ---> NEXT", je me dis que j'ai rarement lu quelque chose d'aussi vulgaire. Poétiquement obsolète ! Poétiquement obsolète. Tu parles juste du plus grand poète français, mec.

    Je crois me souvenir que vous êtes tous deux bordelais, scar et toy. Décidément le puritanisme local n'est pas un mythe. Messieurs les censeurs, bonsoir.
  • akio Membre élite
    akio
    • 3 juillet 2014 à 10:12
    Personne n'est foncièrement scandalisé par la différence d'âge, je pense qu'il faut savoir relever l'ironie. Pour ma part, ce point bien précis ne me dérange pas, il est même le seul "attrait" du texte, si tu veux mon avis. Sa seule véritable subversion (encore que). Par conséquent, tu pouvais tout aussi bien éviter le "vous" quelque peu généralisant. Les 3/4 de ton post passent à la trappe, me concernant, puisque tu bases l'essentiel de ton propos sur la distinction enfant/adulte. Distinction que j'ai plusieurs fois nuancée sur ce même forum, mais le débat n'est pas là. D'autant qu'il y a des failles logiques dans ta propre théorisation de la chose :

    Apparemment il est toujours utile d'enfoncer des portes ouvertes : la puberté est un phénomène qui se manifeste chez les garçons entre 9 et 14 ans. A 15 ans, on n'est plus un enfant. Et quand on désire un "enfant" de 15 ans, on n'est pas un рéԁорhіlе.

    Tiens, tiens, rigolo. T'en veux aux gugusses qui stipulent que 18 ans = adulte, alors que t'es tout aussi strict sur le fait qu'on est plus un enfant à 15 ans ? Aie au moins l'honnêteté de respecter tes propres remarques. On pourrait presque croire que tu n'es pas rigoureux dans ton raisonnement.

    Le poème se vautre dans la banalité la plus affligeante. La critique de la bourgeoisie y est réduite à son plus simple appareil (limitée au deux premières strophes), on est loin d'un Pasolini - qui restait malgré tout dans la caricature propre à son communisme/idéalisme hypertrophié. Bref, on s'en fout, passons.

    Et si y a bien un truc qui m'insupporte, c'est ça :

    Passons sur le fait que pour condamner son auteur, vous plaquez sur un texte du 19e siècle votre sensibilité contemporaine.

    Bah oui. Encore heureux. Resituer systématiquement les oeuvres dans leur contexte, c'est juste la porte ouverte à N'IMPORTE QUOI, et surtout, à la médiocrité. C'est l'argument bas de gamme autorisant le sauvetage de certaines créations tombées en désuétude. Il est des réalisations "insensibles" (à +/- courte échelle, imo) aux caprices du temps, dont la force ne s'amoindrit pas avec l'âge, et ce n'est clairement pas le cas présentement. Ceci dit, ce n'est que mon avis.

    Chacun a ici donné son opinion, ne t'en déplaise. Faut-il perpétuellement préciser JE TROUVE QUE en début de post pour que les internautes n'aient pas l'impression que l'on tгапsmet un absolu ? Tu n'es pas d'accord avec "notre" ressenti, soit. Mais le tien n'a rien de très franchement plus valable, étant tout autant affaire de sensibilité. La seule différence entre toi et "nous", sur ce sujet, c'est que PERSONNE n'avait jusqu'ici tenté d'imposer son point de vue par "la force", par la légitimité d'une supposée "élite" (en témoigne la citation qui suit, pédante au possible :)

    vous ne voyez même pas combien ce geste poétique participe de la fondation de l'hоmоsехualité moderne. Vous crachez sur ceux-là mêmes qui vous ont libérés.

    Mdr. Rien que ça. Je te trouve bien prétentieux, dis donc. Eh bien, soit, permets-moi de cracher sur ce torchon qui n'envisage l'hоmоsехualité que comme un vulgaire étalage de chair humaine.

    Je crois me souvenir que vous êtes tous deux bordelais, scar et toy. Décidément le puritanisme local n'est pas un mythe. Messieurs les censeurs, bonsoir.

    Relis mes posts. Totalement caduque.

    Je vais m'auto-quote, pour la peine

    Personnellement, je trouve même pas ça malsain. Chacun ses "moeurs", après tout, aussi contestables soient-ils. (Tant qu'il y a consentement des deux côtés, cela va de soi...).

    C'est plutôt la gratuité du propos, qui me pose problème. Tant de lignes pour parler de ***** dans un ***, mouais.

    Bref. Franchement, ta remarque HS sur les Bordelais, tu peux bien te la garder. Elle en dit bien plus long sur toi que sur nous. Si pour toi dépréciation de la gratuité = puritanisme, le problème est ailleurs.



    PS :

    Il n'y a pas plus de forme sans fond que de fond sans forme.

    C'est pas le débat ici, donc inutile de rentrer dans les détails, mais je suis juste en opposition parfaite et totale avec cette déclaration.
  • cactus_sss Membre suprême
    cactus_sss
    • 3 juillet 2014 à 11:09
    Bon Scar, c'est ta réponse définitive là ?
  • akio Membre élite
    akio
    • 3 juillet 2014 à 11:11
    Oui Jean-Pierre, 11:06 sera mon dernier edit !
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 3 juillet 2014 à 17:20
    quand on désire un "enfant" de 15 ans, on n'est pas un рéԁорhіlе

    Tu iras expliquer cela à un juge. Je n'ai, Dieu merci, pas ce penchant que je qualifierai de déviant. Ce qu'était manifestement Verlaine...Les mecs d'une trentaine d'années sont bien plus intéressants...Bref ce texte me dégoûte au plus haut point...
    Aussi, je ne me lancerai certainement pas dans une étude de texte, d'un, je trouve cet auteur terriblement chiant, deux, je l'ai déjà condamné.
    Ah, j'oubliais ! .... je brûlerais volontiers les ouvrages de Verlaine sur la place.
  • yoomy Membre suprême
    yoomy
    • 3 juillet 2014 à 17:30
    Je me souviens avoir discuté avec toi il y a quelques semaines, toy, et tu m'as paru avoir l'esprit le plus fin au monde. Mais, pardon, quand je lis : "Moralement répréhensible et poétiquement obsolète ---> NEXT", je me dis que j'ai rarement lu quelque chose d'aussi vulgaire.

    Tu n'as pas tort mais en quoi est-ce incompatible ? grin_zps3fe99660.gif x

    6-28_zps5715aadd.gif
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 3 juillet 2014 à 18:39
    Oui, "Hombres" de Paul Verlaine nous fait pardonner à celui-ci sa fin très en odeur de sainteté.

    Tenez, vous pouvez l'acquérir dans l'édition qui reproduit photographiquement celle de 1904, dans l'excellente collection "Hachette Livre BNF" qui reprend les livres mis à disposition par la bibliothèque numérique Gallica, de la Bibliothèque Nationale de France.


    9782011863539FS.gif
    Huit euros et soixante-dix centimes ; numéro identifiant du livre : 978-2-01-186353-9.


    Ou alors


    9782290082768FS.gif
    Deux euros

    C'est trop cher ! Verlaine est tombé dans le domaine public, ses écrits DOIVENT être gratuits en téléchargement en tout cas, cela dit vu ses propos orduriers, je ne risque pas l'avoir sur mon Kindle même gratuit.
  • napolion Membre confirmé
    napolion
    • 3 juillet 2014 à 20:09
    Il était superflu de t'auto-citer, scar, j'ai lu cette conversation au moins trois fois tellement je n'en revenais pas qu'on puisse cracher à la gueule de mon Paulo avec une telle complaisance, et j'ai bien perçu où étaient les différences de sensibilité. Tu feins de te défendre de choses dont je ne t'accuse pas, pour répéter enfin celles que je conteste. Drôle d'argumentation. Et pour finir tu t'en prends à moi en tant que personne. "Prétentieux et pédant au possible", me voilà rhabillé pour l'hiver (en pleine canicule, youpi). Mais tu m'expliqueras à quel moment je dégaine l'argument d'autorité. Je n'ai aucun titre à faire valoir. J'essaie de développer des arguments plutôt que de balancer des anathèmes. (Suivez mon regard.)

    Il n'y a que deux paragraphes qui te concernent, et je te cite pour les introduire. J'interpelle ensuite directement, et successivement, ikki et toy. Je crois que j'ai été assez clair, il faut être de mauvaise foi pour prétendre que je procède par amalgame. Et d'une mauvaise foi plus éhontée encore pour prétendre que leurs propos relevaient de l'ironie. Mais après tout je ne fréquente pas ce forum et je n'ai pas assez d'éléments pour décider s'ils sont ou non des champions de l'antiphrase. Alors s'ils cherchaient à exprimer le contraire de ce qu'ils ont écrit, certes mon post n'a pas d'objet. Permets-moi d'en douter, tant ces propos relèvent d'un discours ambiant qui prend toujours plus d'espace, d'une exigence de retour à l'ordre moral particulièrement répandue chez les hоmоsехuеls, de droite comme de gauche d'ailleurs, et qui va de pair avec leur embourgeoisement (le modèle du mariage) (on reparle de Bordeaux ?). Et ce qui m'est insupportable vois-tu, c'est que ce discours, précisément, cherche à s'imposer d'AUTORITE à tout un chacun, au moyen de sentences plus définitives les unes que les autres dans le but de discréditer toute autre façon d'envisager sa sехualité, ses amours.

    Mauvaise foi enfin, quand tu prétends que "personne n'est foncièrement scandalisé par la différence d'âge". Je ne cite même pas ikki et toy, je pourrais citer à peu près toute la conversation à ce compte-là. Je t'invite à la relire. Et si tu prends la peine de t'en distinguer pour préciser que TOI ça ne te dérange pas ("tant qu'il y a consentement des deux parties", je cite), c'est bien tu entends dans leur propos la même chose que moi.

    Bref, pour en revenir à ce que je te reproche nommément, si tu permets, c'est de postuler que le sехe est vulgaire. Tu parles de gratuité, peut-être pas à tort (même si, encore une fois, la mort ayant partie liée avec le désir, je vois planer sur ce poème l'ombre de la mélancolie). Gratuité dans le sens où Verlaine ne s'embarrasse pas de prétexte pour célébrer la jоuіssапсе (comme on s'embarrassait de prétextes bibliques pour peindre des nus). Et précisément, c'est toute sa modernité (et déjà son obsolescence pour les esprits avant-gardistes de ce forum qui entendent faire table rase du passé). Tu es contrarié de ne pas trouver de prétexte politique à cette farce, tu voudrais que Verlaine soit Pasolini. Je trouve la comparaison mal à propos. Non seulement ils ne se situent pas au même point de l'histoire de l'hоmоsехualité, mais l'horizon pasolinien est explicitement politique. Ça n'a jamais été l'affaire de Verlaine, dont la poésie est fondée sur le repli іпtіmе. Et même un Pasolini a pu se "laisser aller" à la célébration parfois un peu gratuite du рlаіsіг (cf. certaines scènes de sa "trilogie de la vie").

    Néanmoins, je persiste à trouver ici Verlaine subtilement, et puissamment politique. Tu lui reproches de n'aborder l'hоmоsехualité que par le prisme du сul. Mais l'hоmоsехualité, à mon sens, est d'abord affaire de désir, affaire de corps. Et ce qui gêne, dans l'hоmоsехualité, précisément, c'est le désir, ça n'est pas tout ce qu'on construit autour pour faire passer la pilule aux bourgeois. Ce qui, de toute éternité, ne passe pas, ça n'est pas l'amour d'un homme pour un autre, c'est : Tutur qui enсule Tatave. Avec ses mots crus, sans détours, Verlaine fait de la sоԁоmіе un emblème, un cri de ralliement, vегgе dressée comme un poing. C'est ça qu'est beau. Merde. En 1891 c'est infiniment subversif. A vous lire, ça l'est toujours.

    Assurément, Hombres n'est pas Fêtes galantes, ni Romances sans paroles. Ce ne sont pas non plus les Poèmes saturniens. Mais рutаіп, la barre est haute. Et рutаіп, c'est vraiment pas mal fichu quand même. Je ne vais pas me hasarder dans une explication de texte (j'étoufferais définitivement sous le poids de mon pédantisme), mais il y aurait bien des choses à dire de ce poème. Et puis c'est léger, comme le сul, et grave comme le сul, c'est fait pour rire, ça se moque un peu. Quel esprit de sérieux il faut avoir pour considérer que Verlaine "se vautre dans la banalité la plus affligeante". (La vraie vulgarité, à mon sens, aurait été d'enrober cet hymne dans quelque miel sentimentaliste). Tu me reproches d'être prétentieux (sûrement à raison, à me relire je me trouve souvent bien pontifiant), mais s'il vous plaît quoi : "la banalité la plus affligeante" ! Plus tôt tu trouvais déjà : "la forme plutôt correcte". Merci ! Merci pour lui. Tu veux pas lui mettre une note, dis ? Une note technique (pour la forme), une note artistique (pour le fond), comme au patinage ?

    Je me hasardais à un parallèle avec les Phares de Baudelaire. Oserais-je t'y renvoyer ? Et me diras-tu que ça n'est qu'un vulgaire étalage de gouache et de fusain ? Car ce que je devine, peut-être me trompé-je, c'est que tu considères la sехualité en soi comme un sujet ignoble. Et à cet égard, ma remarque sur Bordeaux, quoiqu'elle se voulait teintée d'humour, n'est pas du tout hors-sujet à mon avis ! (Evidemment, je parle de Bordeaux comme je parle du "bourgeois". Je ne désigne pas des individus, j'envisage un esprit tel qu'on se le représente collectivement. S'il faut tout expliquer roooh…)

    Quand je dis qu'on n'est plus un enfant à 15 ans, c'est une formule, évidemment. Mais je note que tu prends un malin рlаіsіг à me chercher des noises gratuitement en esquivant le fond du sujet, et que tu as davantage le goût des arguties que du débat. Je n'ai pas tellement l'intention de couper les cheveux en quatre pour ma part. J'ai poussé mon coup de gueule, je vous laisse à votre forum. Bonne continuation.
  • napolion Membre confirmé
    napolion
    • 3 juillet 2014 à 20:13
    Ikki : J'ai епvіе de dire CQFD. Je ne commente pas, ça devient embarrassant.

    toy : Fair is foul, and foul is fair, huh? Jolie pirouette, je m'incline.

Pas encore inscrit(e) ? Créez votre profil en quelques clics seulement et profitez !