Quelle teinte avait ce regard ferme et têtu ? - Littérature & poésie

Quelle teinte avait ce regard ferme et têtu ?
Quelle manière avaient ces gestes en leur cadence ?
Quel horizon avait sa voix en sa puissance ?
Quelle couleur avaient sa peau et son poil dru ?

Quel portugais parlais-tu avec grande aisance ?
Quelle période du soleil appréciais-tu ?
Quel cactus ? Quel arbuste ? Quel arbre ? Quel fétu ?
Quel souvenir te visitait en ta conscience ?

Ta face est effacée. Les blés sont dispersés.
Les temps sont éboulés, les temps nous ont versés :
Le futur vегsаtіlе et l'aurore spectrale

Diffusent une couleur donnant un mauvais hâle.
Il demeure un sourire timide et suspendu.
A quoi tient la mémoire ? Au peu qui est rendu.


Climax69007, le Samedi 2 Août 2014.
Deuxième version vers les 23 h.

"A quoi tient la mémoire? au peu qui est rendu"
quelle phrase superbe et tellement vraie, Climax!

Quelle teinte avait ce regard acéré, pointu ?
Quelle manière avaient ces gestes en leur cadence ?
Quelle portée avait sa voix en sa puissance ?
Quelle couleur avaient sa peau et son poil dru ?

Quel portugais parlais-tu avec grande aisance ?
Quelle période historique appréciais-tu ?
Quel cactus ? Quel arbuste ? Quel arbre ? Quel fétu ?
Quel souvenir te hantait en réminiscence ?

Ta face est effacée. Les blés sont dispersés.
Les temps sont arrêtés, les temps nous ont versés ;
Le futur vегsаtіlе et l'aurore spectrale

Diffusent une teinture donnant un mauvais hâle.
Il demeure un sourire timide et suspendu.
A quoi tient la mémoire ? Au peu qui est rendu.


Climax69007, le Samedi 2 Août 2014.

Greeanary, voici ce que je perçois :


La mémoire - à moins qu'il s'agisse d'un ordinateur - n'est jamais la présence totale et accomplie d'un temps englobant toutes les époques que nous avons sensiblement vécues ; la mémoire est surgie de l'oubli, de l'effacement, du regret, du désarroi de voir combien ce que nous aimions se trouve refoulé ; la mémoire est une sauvegarde à éclipse de ce qui nous était cher au travers de détails imperceptibles, qui concentrent en eux, et condensent, notre amour disparu, soliloquant et ayant l'illusion de converser avec lui-même dans la grande solitude du deuil.

Dans certains cas, l'oubli est profitable, car oublier, c'est n'avoir à se préoccuper que du présent, accessoirement du futur proche. Les souvenirs ne sont qu'autoflagellation, revivre en boucle une époque révolue c'est renoncer à envisager l'avenir, il y a là une incompatibilité manifeste.

Le passé est parfois envoûtant et c'est ce qu'il y avait
de plus beau qu'il me plait de me souvenir.

Quand j'étais mioche, à la côte, je redessinait la vue
de mon appartement sur la plage, et la mer était bleue
et le sable jaune citron sur mes dessins...
Aujourd'hui quand j'y retourne (mer du Nord), je vois
que le sable est gris-blanc cassé et l'eau vert bouteille...
Mais dans mon coeur, ce coin sera toujours bleu
et jaune citron.

Ikki, la dialectique entre souvenir et appétence pour la vie (car c'est de ça qu'il s'agit) est d'une effroyable complexité : nier le deuil ne fait que le renforcer, s'abîmer dans le deuil est malheureusement une attraction puissante dont je ne suis pas le mаîtге mais dont je me défie, --- et, pour le moment, je galère ! Le volontarisme ne fait rien à l'affaire, pas plus que l'aЬапԁon à la pulsion mortifère.

Le souvenir tгапsfigure le passé irrévocable, c'est mon espoir !!!

Enfin le passé ne t'apportera rien, je n'ai jamais compris ce besoin, qu'ont certains de se cloisonner dans des souvenirs, ça me dépasse. L'espoir repose sur une perspective d'avenir, je doute que la solution se trouve dans les pages jaunies d'un album photo (c'est une image).

Enfin le passé ne t'apportera rien, je n'ai jamais compris ce besoin, qu'ont certains de se cloisonner dans des souvenirs, ça me dépasse.

Ikki, tu disposes de ce pouvoir merveilleux qui est de se détacher de son passé et des souffrances qui vont avec?

Faudra que tu expliques comment tu fais, parce que là, concrètement, cela m'intéresse.

Pour ma part, je passe aussi beaucoup par l'écrit pour "exorciser" les choses qui me hantent.

Après, concernant la situation évoquée ici, le deuil ("faire son deuil") est un sentiment très complexe et très personnel.
Une étape incontournable sur le chemin de l'acceptation.

Le deuil est impossible à faire pour les
nostalgiques, je pense...
car plus on s'éloigne et plus on souffre
du manque.

Bien sûr, la vie continue et on doit y faire face,
mais mettre de côté son chagrin pour continuer
à vivre ne signifie pas faire son deuil, je trouve.
Consommer un deuil est peut être la vraie mort,
et c'est insupportable!
Il faut vivre avec...et les plus forts y parviennent
plus aisément.

Mon cher Climax, si j'avais le pouvoir de faire revenir
la personne qui t'es chère, je le ferais sur le champs.
Mais essaies de te dire que ton ami est et a été dans
ton coeur, parles de lui au présent car il n'y a aucune
raison que tu en parles au passé!
Enfin, je sais que c'est très facile à dire aussi.
et j'espère que si j'ai un peu paru condescendant par
la présente, tu m'excuseras.