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Antônio Vieira ou La Justice - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Antônio Vieira ou La Justice
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 3 octobre 2012 à 17:19
    Le nom d'Antônio Vieira est très étonnamment méconnu en France (notre pays où, si l'on faisait le quart des traductions de ce qui se fait au Portugal, pour les œuvres françaises, nous irions beaucoup mieux, dans une saine ouverture à l'étranger) ; pourtant il s'agit là du plus grand écrivain et penseur de langue portugaise du 17e siècle, d'un homme courageux, d'un homme politique éminent (chargé de mission par les souverains du Portugal auprès de la Cour de France, et aux Pays-Bas notamment), d'un styliste brillant, d'un provocateur enflammé que préoccupait d'abord la Justice.


    Jésuite, le Père Antônio Vieira fut celui que le poète Fernando Pessoa appela "l’Empereur de la langue portugaise", pour la clarté de son style, la vivacité de ses idées, son esprit critique et sa pugnacité. Rien de moins "grenouille de bénitier" que ce prêtre, grandi au temps du Brésil colonial, qui apprit le tupi-guarani ("a língua geral", c'est-à-dire le tupi-gurani, tel que les Pères Jésuites, notamment Anchieta, l'avait formalisé dans leurs grammaires) pour évangéliser, et qui s'érigea en défenseur des droits des Indiens contre l'еsсlаvаgе, et en défenseur des Juifs convertis de force au Portugal et devenus de "Nouveaux-Chrétiens" contre l'éternelle suspicion que faisait peser sur eux l'Inquisition.


    Sa parole brillante lui valut les faveurs d'un roi du Portugal, et d'un pape, mais ne lui épargna pas les foudres inquisitoriales, car il était, comme nombre de Portugais, dans l'attente messiaпіԛuе d'un Cinquième Empire, où enfin régneraient justice et égalité, à la faveur du retour de l'"Encoberto" (le roi caché), le roi Sébastien (mort lors de la bataille de Ksar-el-Kébir, sans héritier, ce qui déclencha une crise dynastique, et fit de 1580 à 1640, du Portugal, un royaume annexé à la Castille). Et la défense d'Antônio Vieira devant le tribunal ecclésiastique, qui le maintint aux arrêts domiciliaires, et l'interdit de prêches, est un beau morceau de pensée flamboyante sur le messianisme, son actualité, ce qu'est l'esprit de prophétie, s'il peut se manifester encore.


    De lui vous trouverez, notamment, en français, paru aux éditions Chandeigne, en version bilingue, le fameux "Sermon aux poissons", où en désespoir de cause, devant le cœur sec des boutiquiers et des еsсlаvagistes, il s'adressa depuis sa chaire indirectement à ce public hostile, en prêchant aux poissons, aux petits poissons, pour dire des vérités peu plaisantes à ces gens. C'est un texte goûteux, bien représentatif de sa manière.


    Je me permets de mettre en ligne, bien que je n'en ai pas trouvé de version française, la première partie d'une émission, faite à l'occasion du quatrième centenaire d'Antônio Vieira, par la télévision brésilienne.


    Oui, c'est en portugais ; mais lorsque l'on songe aux nombreuses chansons et autres textes mis en ligne, soit dans le jargon qu'est l'anglais international, soit dans la vraie langue qu'est l'anglais pratiquée par B. B. King (que j'ai mis en ligne récemment), l'on m'épargnera les "Mais qu'est-ce qu'il dit ?" Je vous assure que cela agace, à la fin !


    Après tout, il y a aussi des lusophones sur ce site ; et la prononciation brésilienne fait que le portugais de ce documentaire est aussi accessible aux hispanophones et hispanisants.



    Ici, vous voyez le journaliste avec une des plus éminentes professeurs de littérature de langue portugaise du Brésil, Madame Cléonice Berardinelli.
  • indy Membre expérimenté
    indy
    • 3 octobre 2012 à 18:14
    Merci pour le partage Climax
    Je ne connaissais pas ce monsieur.
  • juliet Membre occasionnel
    juliet
    • 3 octobre 2012 à 18:52
    Merci pour cette page d'histoire et de littérature au travers de cette figure emblématique du Portugal qu'est António Vieira et que je découvre.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 3 octobre 2012 à 19:26
    Merci pour cette page d'histoire et de littérature au travers de cette figure emblématique du Portugal qu'est António Vieira et que je découvre.

    Pas de quoi ; et tu as bien raison d'écrire António Vieira ; moi, je l'ai écrit à l'ancienne, Antônio, pour faire plus rapide, mais il s'agit bien d'un "o" ouvert, que note le signe diacritique, cet accent..

    Je suis ravi de voir qu'il y a des amateurs, hommes et femmes, cultivés, curieux, ouverts, et de pouvoir communiquer ne serait-ce qu'un aperçu de ce grand homme.

    C'est le seul Jésuite qui ait gagné mon cœur d'athée anticlérical ; il est d'une telle stature que je ne peux que m'incliner ; et s'il n'avait composé que des sermons à la Bossuet, il ne m'aurait pas conquis, certes. Mais dois-je dire que ses sermons possèdent un tel souffle qu'ils excèdent, en tout, la littérature édifiante de son époque et de toute l'Europe chrétienne (catholique ou réformée ou calviniste) ?

    En cherchant avec un simple moteur de recherche sur le site d'une grande chaîne de librairie, je m'aperçois que de Vieira, outre "Le Sermon de Saint-Antoine aux Poissons", chez Chandeigne, il y a aussi trois autres volumes, dont un qui s'intitule "Le Salut en clair-obscur. Sermons baroques", aux éditions Ad Solem, pour onze euros.

    Pour ceux qui lisent le portugais, ses sermons et ses lettres sont en cours de parution au Portugal, à l'Imprensa Nacional-Casa da Moeda, dans une édition critique.

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