Parmi les somptueux "Métèques", nous devons à Alexandrie la Belle, celle d’Égypte, ville cosmopolite jusqu'à l'évènement du régime nationaliste de Nasser - qui voulait rendre l’Égypte aux Égyptiens, ce qui n'alla pas sans bien des frictions avec de très anciennes communautés de langue grecque, ou française -,
Etiemble, celui qui pourfendit le franglais, le premier, mais aussi un historien de la littérature trop oublié, un spécialiste de cette délicate spécialité qui exige tant de connaissances mises en rapport qu'est la littérature comparée, et celui qui chez Gallimard assura de nombreuses éditions de classiques étrangers sous les auspices de l'UNESCO (dont, je me souviens, un mémorable Tao-Tö-King et bien des œuvres des littératures de l'Inde),
Out-El-Kouloub, la princesse francophone qui écrivit de délicieux romans, injustement oubliés, car ils savaient traiter de la vie du peuple égyptien,
et, pour la langue grecque, le poète majeur du XXème siècle pour la langue grecque, celui qui réconcilia à la grande fureur des puristes le langage littéraire et la langue parlée, le démotique et la katharevousa, c'est-à-dire Cavafy, oui, le grand Constantin Cavafy (ou Cafavis), celui qui chanta plus que d'autres les décadences alexandrines, des moments de vie de l'Antiquité (des portraits fulgurants de jeunes hommes), des ferveurs homosexuelles dans les tavernes et la nuit, et celui qui fut traduit - entre autres grands traducteurs - par Marguerite Yourcenar (première femme à l'Académie Française, et qui passa la fin de sa vie dans son île de Mount Desert, au large des États-Unis d'Amérique du Nord)
et, pour la langue italienne, la grand Giuseppe Ungaretti.
Adjoignons le Libanais Georges Schehadé à ce bouquet, et nous aurons un grand don du Proche-Orient à l'Europe, et parmi l'Europe, à la France.
Honneur à ces "Métèques".
Livre avec une préface de Jean Cocteau, qu'elle avait séduit lors de son voyage en Égypte.




-- Je vous recommande le numéro de la revue "Europe" consacré à Constantin Cavafy :
sur la réception de ses textes en Europe ;
sur ses premiers traducteurs ;
sur son monde de grand connaisseur de l'histoire grecque après Alexandre le Grand, de la Grèce sоumіsе à la vaine tentative de résurrection du paganisme par "Julien l'Apostat" (ainsi l'on baptisé les chrétiens), de la Grèce chrétienne et byzantine - connaissance qui lui permet ses tableaux historiques si prenants - ;
sur le souvenir de ses aventures homosexuelles tгапsfiguré - mais comment -,
c'est une source de premier choix.
Et, dans la réception de Cavafy, la France aura tenu un grand rôle.
Il doit y avoir, actuellement, pas moins de quatre ou cinq traductions françaises sur le marché !