Il aura commencé à jouer au football - comme le font tous les gamins du monde, et notamment d'Afrique, qui n'ont pas de quoi se payer un vrai ballon réglementaire, mais qui rêvent dribbles, feintes, accélérations, percées des lignes de défense, buts subtils -, en confectionnant, de chiffons, une boule qui tenait lieu de ballon.
Eusébio da Silva Ferreira avait, de l'avis de ceux qui s'y connaissent (moi, je suis totalement ignorant), la capacité d'accélération, le sens des opportunités, une grande intelligence du jeu, le tir foudroyant, une capacité physique d'athlète : ce qui fait dire au commentateur français du début que le jeu d'Eusébio da Silva Ferreira présentait toutes les qualités du football africain.
L'on comprend, ainsi, quelle note jamais vue jusqu'alors aura apportée Eusébio da Silva Ferreira au football portugais, donnant au club de Benfica onze titres nationaux, et diffusant le nom du Portugal dans le monde entier parmi les aficionados du football.
Alors que s'achèvent les messes du septième jour de deuil (le catholicisme est très présent au Portugal), alors que des milliers de Portugais - dans un chagrin collectif - auront rendu hommage à Eusébio da Silva Ferreira, alors que tous les groupes parlementaires de l'Assemblée de la République portugaise semblent s'accorder - de la gauche à la droite - pour que le corps d'Eusébio da Silva Ferreira intègre au plus vite le Panthéon national portugais, alors qu'il y aura eu trois jours de deuil national au Portugal, je conclus à une véritable émotion populaire dépassant ce qui est convenu dans ces grands moments de consensus national que sont les morts des "héros".
Je puis vous assurer que depuis une huitaine de jours le prénom "Eusébio" retentit, avec une connotation d'affection et de respect, au moins une fois par minute sur les ondes des télévisions portugaises.
Je voudrais, à ce Mozambicain tant aimé des Portugais - et pas seulement par les supporters du club de Benfica -, dédier ce film qui retrace quelques-uns de ses buts de légende, et qui vous présente une personnalité appréciée pour sa simplicité, pour sa bonne humeur, pour ses qualités humaines.
Le film est en portugais, mais de nombreux témoignages sont en anglais et en français.
Rappelons que le Mozambicain Eusébio da Silva Ferreira était de nationalité portugaise, puisqu'il était né durant la dictature fasciste de António Oliveira de Salazar, sous le régime qui considérait Cabo Verde, Guiné Bissau, Angola, Moçambique, São Tomé e Príncipe comme des "provinces d'outremer", leur assignant donnant ce statut légal qui niait tout colonialisme de la part du Portugal sur le continent africain.
Et rappelons que ces pays d'Afrique, que j'énumère en leurs noms portugais, auront dû gagner leur indépendance au prix de guerres sanglantes, longues (plus de dix années), difficiles, que seule l'intervention du peuple portugais - après le coup d’État militaire du 25 Avril 1974 renversant le fascisme - aura pu sceller, une année après la révolution des Œillets.
C'est pourquoi Eusébio da Silva Ferreira pourrait entrer au Panthéon national du Portugal, tout en étant - de fait - Mozambicain, aussi.
Moi qui n'accorde pas beaucoup d'importance à ces lieux - les Panthéons - où se fabriquent les mythologies nationales, pour une fois, comme je considère la présence d'Amália Rodrigues au "Panteão Nacional" émouvante, je trouverais le transfert des cendres d'Eusébio da Silva Ferreira vers ce même lieu émouvant.
D'autant plus que ce monument est superbe et permet une perspective, qui prend aux tripes, car comment jamais s'en rassasier, sur toute la ville bariolée de Lisbonne et sur la Mer de Paille (l'estuaire du Tage).
J'aime le caractère cosmopolite du peuple portugais, caractère certes lié à son histoire coloniale, mais qui - au-delà - lui donne - à ce tout petit peuple - une ampleur d'esprit et une capacité d'accueil, que de "grandes" nations comme la France seraient bien inspirées de prendre pour exemple !!!
Ce cosmopolitisme du peuple portugais est un des rares bonheurs qui arrivent dans l'histoire à un peuple colonisateur, trop peu nombreux pour pouvoir ne pas se mêler aux peuples colonisés, et ne pas contracter avec eux des liens d'amour, malgré la situation de ԁоmіпаtіоп et malgré les violences.
Et j'aime ce Portugal qui ne pourra jamais dénier, et renier, serait-ce parce que personne ne peut effacer les visages des citoyens portugais, qui tiennent beaucoup des Africains du Nord, tout ce qu'il doit aux royaumes musulmans et à l'islam comme civilisation.
J'aime ce Portugal, qui aura su transcender son histoire coloniale, et faire de Mariza, cette enfant de l'immigration mozambicaine, une des plus notables voix du Fado.
J'aime le Portugal, où viennent, aussi, des influences de L'inde, et de la Chine.
Le Portugal est une confluence !!!
Le cosmopolitisme est consubstantiel au Portugal ; qui ne le comprend pas ne comprend rien au Portugal !!!
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