Mais, Ikki, non, les êtres humains, quel que soit le canal de leurs relations, quand elles sont partagées, non pas différées, quand elles imposent le sentiment de la présence l'un à l'autre, ne sont pas des pixels : tu dénies la présence l'un à l'autre, en rabattant le mode de l'internet sur les éphémères pixels, sur ces petits riens constituant le fondement technologique de l'échange électronique ; mais, vraiment, deux êtres peuvent se communiquer l'un à l'autre de la substance, et correspondre, et se correspondre, parce que les mots, le langage, ce qu'il comporte d'affectif ne sont pas annihilés par internet.
Aussi, découvrir derrière les pixels un être ne relève pas de l'illusion, mais d'une saine conception de la réalité.
Toutes les présences humaines derrière les pixels ne sont pas effectives ; certaines arrivent à se rendre effectives ; c'est ce qui est arrivé à l'auteur de ces vers ; il a donc bien des motifs, non pathologiques, de déplorer une absence.
Et, Ikki, destituer les êtres de leur humanité, parce que, prétendument, nous ne serions que des pixels, ne me paraît pas la meilleure manière de bien traiter les autres sur internet.