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Je suis fier d'avoir écrit "mon compagnon"

Sujet de discussion : Je suis fier d'avoir écrit "mon compagnon"
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 20 décembre 2013 à 22:01
    Oui, sur le papier dit de "régularisation d'absence", à mon Lycée, à Lyon, j'ai indiqué pour mon ami Simon, décédé Vendredi dernier, et que je suis allé voir au роmреs funèbres, ce Mardi passé vers Bourg-en-Bresse, pendant deux heures - je l'ai déjà exprimé, "deux heures de longue conversation" -, avant que ne soit scellé son cercueil, puisqu'un mort ne peut passer les frontières nationales (France, Espagne, Portugal) que sous des scellés policiers, "Visite à mon compagnon, décédé, avant qu'il ne s'envole pour le Portugal".


    Je vivais, en vérité, avec quelqu'un dont en théorie j'étais séparé ; d'où ma drague, ici ; mais il aurait été indécent, déloyal, et ргоfопԁémепt hypocrite, et dévalorisant pour notre lien, de marquer, d'une manière biaisée, comme je l'ai d'abord dit à la secrétaire au téléphone, mardi matin, "mon meilleur ami", alors que je l'aimais encore, ргоfопԁémепt et malgré tout, oui malgré tout, d'une ргоfопԁе tendresse.


    Eh bien, d'être en accord avec moi-même, et avec la vérité, et de marquer "mon compagnon", et même de pouvoir le dire à d'autres collègues m'a libéré d'un poids de fausseté et épargné des manœuvres dommageables pour mon intégrité mentale !


    Vous savez, les gens ordinaires, quels que soient leurs préjugés, ont du respect pour la peine et pour les sentiments ; c'est, en tout cas, la réaction que j'ai sentie chez eux, et dans l'immeuble où j'ai affiché son décès et ses funérailles au Portugal, et dans mon Lycée, où j'avais bien d'autres choses à faire que de maquiller ma tristesse.


    En fait, j'attribuais des préjugés à des personnes qui n'en ont pas forcément ; et ces préjugés étaient les miens !!!
  • textoo Légende urbaine
    textoo
    • 20 décembre 2013 à 22:17
    Re bonsoir Climax,

    Rien ne peut être caché dans ces moments de douleurs, surtout pas les peines du cœur, qui peut pourtant bien supporter des malheurs...

    Peines partagées, courage à toi, la vie continue ...

  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 20 décembre 2013 à 22:29
    Textoo, ce que je veux surtout exprimer, c'est qu'il m'était impossible, à moins de ruser, et de me mentir à moi-même en mentant aux autres, et à moins de maquiller un lien ргоfопԁ de dix années en une "amitié", d'employer un euphémisme, d'user d'un biais.


    Simon a été mon compagnon, point final, et je le dis ; je n'ai pas le droit, à moins de vouloir devenir регvегs (un œil voyant la vérité, l'autre se la cachant !!!), de marquer "mon plus cher ami".


    Mon сul, oui, "mon plus cher ami", quelle bouffonnerie ce serait, et quelle lâcheté de ma part.


    L'on parle, à tort et à travers, de "travail du deuil" : dans cette expression, le mot "travail", qui vient du latin "tripalium", un instrument de torture, qui a donné en ancien français le sens de "souffrance", signifie un travail au corps par la tristesse, travail que l'on subit avant d'en pouvoir faire quoi que ce soit d'autre, transformé ; comment faire un "travail de deuil" en commençant par se mentir, en mentant aux autres ???


    Donc impossible et de fort mauvais aloi, textoo, que de mentir, à soi et aux autres : les mots ont du SENS, et l'on ne peut les manipuler à contre-sens sans en subir les conséquences.


    C'est ce que je constate ce soir.


    Il est plus que temps, à cinquante-deux ans.
  • yoomy Membre suprême
    yoomy
    • 20 décembre 2013 à 22:32
    Bravo Clicli ! Tu as pris le contrôle. xo smile.gif
  • textoo Légende urbaine
    textoo
    • 20 décembre 2013 à 22:33
    En effet, ce poids libéré, ne peut que te soulager.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 20 décembre 2013 à 22:47
    Bravo Clicli ! Tu as pris le contrôle. xo smile.gif

    Je crois, en effet, que cette mort m'a mis face à un choix, mentir ou pas, déguiser ou pas, et louvoyer avec ma vérité d'être humain ou pas.


    A force d'avoir une façade, de ne pas pouvoir parler de qui l'on aime alors que les collègues parlent de leurs enfants et de leur famille, l'on devient fou, et faux.


    Basta !


    Et pour arriver à ce "Basta", il aura fallu tout ce temps.


    Oui, être homo, c'est aussi pouvoir dire, tranquillement, et sans ostentation, sans porter de bannière militante, que j'ai de la peine parce que Simon est mort.
  • deum Membre élite
    deum
    • 20 décembre 2013 à 23:16
    Qu'importe notre sехuаlіté, qu'on soit homo ou hétéro, il arrive qu'un jour on tombe le masque pour diverses raisons.

    C'est très touchant ce que tu as pu écrire, tu as beaucoup de courage et d'honnêteté, je te souhaite vraiment une belle continuation sur ton chemin que tu construits avec beaucoup de sagesse.

    Courage !
  • yoomy Membre suprême
    yoomy
    • 20 décembre 2013 à 23:18
    hug.gif xo
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 20 décembre 2013 à 23:25
    Qu'importe notre sехuаlіté, qu'on soit homo ou hétéro, il arrive qu'un jour on tombe le masque pour diverses raisons.

    C'est très touchant ce que tu as pu écrire, tu as beaucoup de courage et d'honnêteté, je te souhaite vraiment une belle continuation sur ton chemin que tu construits avec beaucoup de sagesse.

    Courage !

    Ce qui m'a donné du courage, deum, c'est que je ne pouvais pas trahir Simon que j'ai aimé.


    Dénier cet amour par des "Mon plus cher ami est mort" m'aurait plongé dans une duplicité insupportable ; je me serais fait honte à moi-même.


    Alors, bien sûr que tous les collègues du Lycée ne sont pas "au courant", mais après tout, suis-je "au courant" de leurs vies іпtіmеs, à toutes et à tous ?


    Ceci dit, je vais aller pleurer en famille les quinze jours qui viennent ; ma vielle mère et ma sœur aînée ont eu l'extrême gentillesse de me payer les billets SNCF - hors de prix quand ils sont achetés au dernier moment -, ce dont je les remercie avec gratitude.



    Je ne parlerai pas à proprement parler de courage, mais d'une décision qui s'imposait, parce que - je me répète - je ne pouvais pas trahir mon Simon, et notre lien amoureux, déjà fort complexe, et ambivalent, et plus que difficile : une telle trahison aurait rajouté à ma peine.
  • deum Membre élite
    deum
    • 20 décembre 2013 à 23:29
    Qu'importe notre sехuаlіté, qu'on soit homo ou hétéro, il arrive qu'un jour on tombe le masque pour diverses raisons.

    C'est très touchant ce que tu as pu écrire, tu as beaucoup de courage et d'honnêteté, je te souhaite vraiment une belle continuation sur ton chemin que tu construits avec beaucoup de sagesse.

    Courage !

    Ce qui m'a donné du courage, c'est que je ne pouvais pas trahir Simon que j'ai aimé.


    Dénier cet amour par des "Mon plus cher ami est mort" m'aurait plongé dans une duplicité insupportable ; je me serais fait honte à moi-même.


    Alors, bien sûr que tous les collègues du Lycée ne sont pas "au courant", mais après tout, suis-je "au courant" de leurs vies іпtіmеs, à toutes et à tous ?

    Tu n'as rien à te reprocher Climax, chaque être humain y compris moi-même devrait balayer à sa porte.

    Tu es un humanisme, il est temps de vivre pour toi aussi Climax.

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