Antoine Idier a écrit un livre, "Les alinéas au placard : l'abrogation du délit d'homosexualité, 1977-1982", un livre d'historien.LISEZ CET OUVRAGE, D'UNE LECTURE FACILE ET AGRÉABLE CAR SANS LOURDEURS DE STYLE, UN LIVRE RICHE DE DÉTAILS CAPTIVANTS PUBLIÉ PAR UNE MAISON D’ÉDITION, LES ÉDITIONS CARTOUCHE, PLUS COURAGEUSE QUE LES PRÉTENDUS "GRANDS ÉDITEURS", CEUX QUI SE DISPUTENT LES PRIX LITTÉRAIRES.A. Idier fait le tour et le compte des forces antagonistes en présence.
L'historien décrit minutieusement les actions et prises de position des partisans de l'égalité ; l'organisation homosexuelle CUARH ; les intellectuels Michel Foucault, Gabriel Matzneff, René Schérer, Guy Hocquenghem ; les hommes politiques, rares et courageux, tels que Henri Caillavet, un homme politique de droite, partisan des libertés publiques ; les militants gays, dans leur fourmillement et leur présence quotidiennes.
Grâce à la considération d'une période relativement longue et charnière, Antoine Idier parvient à nous donner une juste vue des circonstances qui aboutirent à l'abrogation du délit d'homosexualité.
L'auteur explique pourquoi il préfère cette dernière formulation à l'expression consacrée "dépénalisation de l'homosexualité".
En effet, l'homosexualité elle-même était un délit, moralement condamnable par la loi pénale, tout comme le simple fait d'être réduit à la catégorie de "Juif" par la législation nazie et celle de son supplétif, le régime du Maréchal Pétain, constituait un délit.
De quoi s'agissait-il ?
Et là il me faut citer les textes.
Sans ces précisions,chères Tongaysiennes et chers Tongaysiens, vous ne comprendriez pas les motifs d'un combat âpre et décisif contre des dispositions légales scélérates..- L'article 330 alinéa 2 du code pénal français disposait que : "Lorsque l’outrage public à la pudeur consistera en un acte contre-nature avec un individu du même sехе, la peine sera un emprisonnement de six mois à trois ans et une amende de 1 000 F à 15 000 F."C'est au nom d'un tel alinéa que tous les établissements gays (sаuпаs, bars, ...) ainsi que les lieux de drague homosexuels se trouvaient sous la menace permanente des descentes de police.
Les enceintes d'un club privé délimitaient un espace collectif, ouvert, au même titre qu'une place publique ou un parc, ou les berges d'un fleuve. Et les "actes" s'y commettant étaient des "outrages publics à la pudeur".
L'homosexualité était l'objet d'un jugement moral, et la loi instituait une norme sociale et morale par une qualification de l'homosexualité comme "acte contre-nature".
Cet empiètement sur la vie affective des citoyens déniaient aux homosexuel(le)s et à leur sехuаlіté tout caractère affectif, relationnel, amoureux : les homosexuels se résumaient à des "actes", qui plus est "contre-nature".
- L'article 331 alinéa 3 disposait que : "Sera puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 60 F à 15 000 F quiconque aura commis un acte impudique ou contre-nature avec un individu mineur du même sехе."Soucieuse et légitime protection de l'enfance ? En aucun cas.
Notez l'assimilation de l'"impudeur" et du "contre-nature" par un "ou" qui est davantage inclusif qu'il ne distingue des variétés de cas répréhensibles. C'est le procédé de l'amalgame, redoutable en droit pénal.
Encore une fois, l'homosexualité, en tant que telle, était exécrable, jugée, condamnée, passible d'une peine.
Il y avait une inégalité entre les relations hétérosexuelles et homosexuelles, car, par une ordonnance du 2 Juillet 1945, l'âge légal pour une relation hétérosexuelle passait de treize à quinze ans, répudiant ainsi l'esprit du régime de Vichy, cependant que l'âge légal pour une relation homosexuelle restait de 21 ans.
En 1974, avec le changement de l'âge de la majorité légale, les relations homosexuelles à partir de 18 ans ne furent plus considérées comme un "attentat à la pudeur".
Persistèrent l'inégalité et la discrimination.
Il sera mis un point final à ces alinéas discriminatoires, mêlant des considération d'une certaine morale avec les dispositions de la loi commune et laïque, par la loi du 4 Août 1982.
Et, depuis, le code pénal français ne criminalise plus l'homosexualité._________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
"Les alinéas au placard : l'abrogation du délit d'homosexualité, 1977-1982", par Antoine IDIER, a été publié par les éditions Cartouche, au prix de dix-huit euros.
Cet ouvrage est la réécriture pour le grand public d'un mémoire de recherches rédigé à l'Institut d’Études Politiques de Lyon, mémoire soutenu en Juin 2011.
Le numéro identifiant du livre est : 978-2-366220-03-2