Connexion :

L'amour, l'amour, encore et toujours - 6 - Littérature & poésie

Sujet de discussion : L'amour, l'amour, encore et toujours - 6
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 4 octobre 2012 à 23:53
    Du grand poète, auteur de "Os Lusíadas = Les Lusiades" (traduit en français par Roger Bismut, collection Bouquins), de Luís Vaz de Camões, le mаîtге des lettres portugaises du seizième siècle, le dernier sonnet que je livrerai ici. Le sixième et le dernier ; il y en a quelques 213 qui lui sont attribués, dans la dernière édition critique parue au Portugal (trois forts volumes de poésies lyriques !)

    Avec les sonnets, nous n'avons là que la forme la plus européenne de la tradition poétique, telle que Camões l'a pratiquée et enrichie.

    TEXTE PORTUGAIS :

    Indo o triste pastor todo embebido
    na sombra do seu doce pensamento,
    tais queixas espalhava ao leve vento
    сum brando suspirar da alma saído :

    “ A quem me queixarei, cego, perdido,
    pois nas pedras não acho sentimento ?
    Com quem falo ? A quem digo meu tormento
    que, onde mais chamo, sou menos ouvido ?

    Ó bela Ninfa, porque não respondes ?
    Porque o olhar-me tanto me encareces ?
    Porque queres que sempre me querele ?

    Eu quanto mais te vejo, mais te escondes !
    Quanto mais mal me vês, mais te endureces !
    Assi que co mal cresce a causa dele."



    TRADUCTION FRANÇAISE PERSONNELLE (en alexandrin assonancés) :

    En marchant le berger tristement morfondu
    Dans les noires pensées du souci l’éprenant,
    Éparpillait ces plaintes au gré léger du vent,
    Dans un tendre soupir depuis son âme issu :

    “ Vers qui aller me plaindre, aveuglé et perdu,
    Car je ne découvre aux pierres nul sentiment ?
    A qui parlerai-je ? A qui dire mon tourment,
    Car où lève mon cri, moins je suis entendu ?

    Belle Nymphe, pourquoi donc ne pas me répondre ?
    Pourquoi de ta vision à ce point tu me prives ?
    Pourquoi toujours vouloir que je me mortifie ?

    Et plus ma vue te cerne, et plus tu vas te fondre !
    Plus je suis mal en point, plus ta pique s'avive !
    Ainsi conjointe au mal la cause en multiplie. ”
  • lefablio Membre élite
    lefablio
    • 5 octobre 2012 à 06:08
    Merci «climax»
    Pour cette traduction encore réussie....
    Tes rimes adaptées sont magnifiques,
    Un exploit de trouver la rime tout en préservant l' âme de la poésie...

    Malgré la ргоfопԁеur du texte, la plume est légère, simple , elle ne s'encombre pas de fioritures.
    Sans aucun doute un grand poète.
  • armentieres1974 Membre pionnier
    armentieres1974
    • 5 octobre 2012 à 06:23
    Merci Climax.
  • marco06400 Membre confirmé
    marco06400
    • 5 octobre 2012 à 08:58
    Bravo Climax pour ta traduction personnelle et merci de nous faire connaître ce grand poète !
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 5 octobre 2012 à 14:21
    Je vous remercie La traduction, à vrai dire, ne peut se concevoir que dans la passion, et dans un mouvement d'identification à l'auteur.

    Alors, lentement, l'on passe d'un premier jargon (souvent un décalque) à des versions plus satisfaisantes.

    Ainsi, souvent en faisant fi des derniers poèmes de Camões, on lui a attribué un détachement religieux ; je ne peux être d'accord avec cela car la dernière édition critique est formelle, Camões a écrit des poèmes religieux. Ce qui me conduit à écrire "Là où lève mon cri", qui est une formule de style biblique, pour rendre des termes portugais.

    Voilà une des ficelles du métier.

    Et l'on n'est jamais sûr de la qualité de ce que l'on appelle "traduction" : ce n'est pas fausse modestie ; c'est un sentiment éprouvé devant la grandeur de ce que l'on traduit.

    Oui, Luís Vaz de Camões est un grand poète : densité des concepts, pas de mignardises, un art consommé de la versification et des sonorités, ...

    Surtout, à rapprocher d'Agrippa d'Aubigné, pour la fulgurance (voir de ce poète magnifique "Hécatombe à Diane", rééditée dernièrement aux Presses de l'Université de Saint-Étienne, pour dix euros, identifiant 978-2-86272-444-7, mais accessible aussi notamment dans l'édition des œuvres de D'Aubigné, par la Bibliothèque de la Pléiade, chez Gallimard).

    --- Je rappelle que vous pouvez trouver (il y a eu une édition revue et augmentée, récemment) aux éditions Chandeigne, des "Sonnets. Édition bilingue français-portugais" de Luís de Camões, traduits par Anne-Marie Quint et Maryvonne Boudoy, pour le prix de dix euros et vingt centimes. Numéro identifiant de l'ouvrage : 978-2-915540-82-6

    --- Par ailleurs, des mêmes traductrices, "La poésie lyrique. Édition bilingue français-portugais" de Luís de Camões, numéro identifiant de l'ouvrage : 2-914387-10-5, pour le prix de vingt-deux euros.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 5 octobre 2012 à 16:56
    Merci «climax»
    Pour cette traduction encore réussie....
    Tes rimes adaptées sont magnifiques,
    Un exploit de trouver la rime tout en préservant l' âme de la poésie...

    Malgré la ргоfопԁеur du texte, la plume est légère, simple , elle ne s'encombre pas de fioritures.
    Sans aucun doute un grand poète.

    Oui, le plus dur est bien de conserver la forme poétique (donc les assonances, à défaut de rimes) en ne trahissant pas le contenu intellectuel du texte.

    Merci Ritha, pour ton appréciation.
    C'est encourageant !
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 5 octobre 2012 à 17:06
    Et le but de tout cela est bien de vous faire connaître le poète tutélaire de la nation portugaise, mais aussi des pays lusophones (Brésil, Angola, Mozambique, Guinée Bissau, Cap-vert, São Tomé e Príncipe, Timor-Leste, Macau, ...) et des communautés portugaises répandues en diaspora de par le monde entier (en France, au Venezuela, dans les anciennes colonies portugaises d'Afrique, etc.)

Pas encore inscrit(e) ? Créez votre profil en quelques clics seulement et profitez !