La haine et la douleur - Le "Blabla" bar

Frédéric Vallotton : "Journal de la haine et autres douleurs "

Je vous invite a méditer sur ce qu 'a ecris cet essayiste sur la haine malheureusement un peu trop diffuse de nos jours.



« La rancœur rend sourd, la haine a besoin d’une amorce afin de se déverser, vider la cuve d’un fiel qui s’est égoutté », écrit l’auteur.

Le récit se termine ainsi : « Je témoigne de ma sensibilité, de la richesse et de la beauté du monde – si cliché cela soit-il, même un lundi matin et tassé dans le train bondé de 7h32. »

Pour délimiter, provisoirement, le sujet de cette réflexion, je vais revenir sur l'usage de la liste noire sur ce site.

Certain(e)s en font un bouclier préventif, mais contre quelle menace imaginaire qu'ils et elles inventent avant toute atteinte, et dans l'attente jamais frustrée d'avoir affaire à un ennemi puisque désormais l'exclu de la communication ne pourra qu'être de l'autre côté de la barrière ?

D'autres mettent des centaines de membres en liste noire ; ceci posé quel que soit le nombre de réprouvés, il y a là une réprobation cristallisée, et un moment de désaccords ou de désagréments définitivement retenu comme exemplaire de l'individu mis dans cette liste.

La haine - et ses diverses modulations - avant de porter préjudice aux objets visés, porte préjudice à celui ou celle qu'elle occupe : c'est une consommation folle d'énergie, cela alimente le sentiment de solitude, c'est un sentiment intérieur qui déploie la méfiance a priori.

La haine a des côtés positifs ; elle peut être légitime, raisonnable, encore faut-il qu'elle n'envahisse pas tout l'individu au point de le déterminer dans tous ses liens sociaux.

Là, il faudrait faire des distinctions entre les divers degrés de l'aversion, qui portent des noms différents, et non par un bizarre arbitraire : ce sont des sentiments DISTINCTS.

Retenons l'idée que la haine préexiste à l'objet immédiat de sa décharge ; la haine rencontre ses prétextes. Elle ne fait que réactualiser un vieux fonds de fiel cuit et recuit, déjà sans objet, qui tгапsfère sa virulence pour subsister, vers un nouvel objet, vu sous les couleurs de l'ancien objet de haine.

Je vais illustrer mon propos par ce que j'ai vécu aujourdhui meme dans le metro.
Alors que je rentrais chez moi apres une dure journée de labeur ( je m'interdit la clim dans mon bureau a cause de mes sinus ), j'ai croisé dans le metro un homme aveugle a qui j'ai voulu preter mon concours pour l'aider a se deplacer et a lui proposer ma place.
Rien de tres heroique dans ce geste tout banalement citoyen. C est alors que qu'une jeune furie qui était en face de moi m'a rétorqué les mots suivants : mais pourquoi vous l'aidez a se deplacer, il n'est pas handicapé, juste aveugle".
Ne supportant pas ce genre de remarque je l'ai invité a s'occuper de ses affaires pour ne pas dire autre chose et me laisser m'occuper de cette personne. Regardant les gens tout autour d'elle, elle a proféré des grossieretés a mon encontre que je lui ai poliment retourné en lui signifiant que ce sont des gens comme elle qui pourrissent l'humanité par manque de générosité et d'altruisme. Blessée dans son ego, elle est sortie furax du metro en m'insultant. J'ai lui ai bien entendu renvoyé l'ascenseur avec des mots encore plus grossiers ( je n'en suis pas fier mais n'en ai pas honte non plus car j'ai voulu aider a l'origine un aveugle qui avait du mal a se deplacer ). Et au final de spectacle elle a craché des postillons sur le mon visage; Bref une petasse vraie de vraie qui ne comprend pas la signification de l'altruisme et de l'assistance aux plus faibles. Chronique de la vie quotidienne.....

Ce que tu narres, Palmier, illustre le fait qu'une rancœur a besoin d'une amorce afin de se déverser ; le métro est le rassemblement, improbable et pourtant réalisé chaque jour, des plus grands disparités sociales, ses parcours de vie les plus divers, des explosions à retardement les plus variées ; je connais bien les réactions à l'égard des handicaps ; cette personne a considéré que l'aveugle, tenant debout, n'avait pas besoin d'aide, davantage.

Que faire face à ces explosions soudaines ? C'est bien délicat. Je n'aurais pas mieux fait que toi.

Bref une petasse vraie de vraie

C'est dans ce genre de cas que tu es fier d'être gay, haha, hummmm... la haine, y a-t-il sentiment si largement ressenti, toutes nationalités, religions, confondues, oui ... je la ressens...Elle mène au côté obscur.

j'ai voulu aider a l'origine un aveugle

La prochaine fois, tu fais comme moi, tu le laisses se démerder ça t'évitera les réflexions des "pétasses" du métro :)

J'ai toujours apprécié le "de nos jours", les individus grossiers, les malfaisants ont toujours existé, dois-je vous rappeler les génocides d'un passé pas si lointain, alors gardez donc vos "C'était mieux avant", ils ne se basent que sur votre propre ressenti qui est on ne peut moins fiable :)

T'as croisé une "VRAI" pétasse rooh le choc que t'as dû avoir! heureusement que c'était pas une fausse parce que sinon...

Il y a des défauts de perspective, comme une idéalisation du passé, ce qui n'empêche pas de constater, dans la fragmentation des villes, donc dans le rythme de l'activité salariée croisée avec le rythme qui se maintient plutôt mal que bien des millions de chômeurs et chômeuses, une brutalité certaine.

Je ne sais pas si l'auteur du sujet vise les génocides, je crois davantage qu'il vise les comportements dans une société qui ne se fixe pas le but d'éliminer une partie d'elle-même.

C'est pourquoi il prend l'exemple des transports en commun, lieu de toutes les rencontres, et par ailleurs l'exemple d'une explosion de colère de sa part qui ne débouche pas sur un esprit de vindicte : là est la nuance importante.

La haine est réservé au imbécile

En réponse au message de ji13 :

La haine est réservé au imbécile

C'est un peu réducteur quand même...

la haine peut être objective ou liée à une faiblesse; ce n'est pas cela qui fait de gens sensés des imbéciles:
On a tous des défauts et des faiblesses a des degrés divers:

Allez dire çà aux parents qui ressentent de la haine envers la crapule qui a violé et étranglé leur gosse...

Le pardon démesuré envers des individus nauséabonds qui ne changeront pas est pour moi tout aussi détestable et imbécile.