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Les "Lettres Portugaises" : Roman d'Amour - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Les "Lettres Portugaises" : Roman d'Amour
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 13 octobre 2013 à 00:13
    Les "Lettres Portugaises", parues à Paris en 1669, sont un météore de la littérature française et de la passion humaine.

    De plus, les "Lettres Portugaises" constituent un mystère, car elles parurent sans nom d'auteur. Alors, lettres traduites du portugais ou lettres dont la "traduction du portugais" est un dispositif destiné à doter la fiction du cachet de la réalité vécue, l'on ne peut trancher à coup sûr.

    En effet, deux attributions se disputent leur origine, l'une à une certaine Mariana Alcoforado - le nom et le prénom, découverts dans un exemplaire du livre et qui sont ceux d'une nonne portugaise ayant vécut, effectivement, à Beja, dans le temps où des troupes françaises guerroyaient au Portugal - et l'autre au sieur de Guilleragues, un homme qui n'a pas écrit et publié d'autres ouvrages, et dont seuls des rapprochements stylistiques avec sa manière épistolaire commune et la nécessité d'avoir de la discrétion en tant qu'homme dépendant de la Cour (d'où l'anonymat du texte) établiraient la paternité.

    Du fait que, jamais auparavant, et rarement ensuite, les mouvements іпtіmеs d'un cœur féminin, souffrant de l'aЬапԁon par un аmапt, n'auront été, jusqu'à l'obsession, et dans leur cruauté excessive, décrits comme s'ils étaient vécus, répétés inlassablement, déclinés sur tous les tons du dépit, du désespoir, de la résignation (comme signe du plus grand amour), du reproche le plus âpre, les "Lettres Portugaises" demeurent un livre à l'égard duquel nul ne pourra rester indifférent, s'il se hasarde à le lire.

    La passion, oui la passion fait de ce court roman épistolaire, où l'aimé ne répond jamais, mais se trouve toujours présent au travers de la parole de l'amoureuse, une expression sublime de l'amour le plus inconditionnel et le plus impossible.

    Une femme en est réduite à cultiver son désespoir, à le ressentir très vivement, pour témoigner de la persistance de son amour, et pour se soutenir contre l'aЬапԁon et la solitude qui désormais seraient son lot ordinaire. Cloîtrée au couvent et même punie - et désormais derrière des fenêtres grillagées -, une femmes pousse une plainte sans fin : le point final de la dernière lettre est marqué d'arbitraire, tant la plainte pourrait se prolonger.

    Les esprits moralisateurs de l'époque, lors de leur publication, trouvèrent aux "Lettres Portugaises", qui firent sensation, un ton bien véhément, une ardeur peu commune, une expression exaltée du désir féminin hors des bornes du resserrement convenu, et une contravention aux règles du classicisme, exigeant la brièveté et la concision, alors que dans ces cinq lettres tout est répétition et modulation d'un amour désormais réduit aux seules ressources de la litanie des souffrances.

    Par la répétition, l'amoureuse délaissée suscite l'image de l'аmапt coupable et, à cette seule condition de la plainte indéfiniment ressassée, l'аmапt demeure encore présent à son esprit. En disant ouvertement son désir, elle hallucine l'aimé, et le possède, malgré la distance, et la séparation.

    Aussi, cinq lettres, seulement ?

    Oui, mais d'une résonance impaire, chargée des milliers qui n'auront pas été écrites le temps d'une vie, cette vie serait-elle de la fiction ou de la réalité !


    Je ne sais quel ton serait approprié à la lecture à haute voix des "Lettres Portugaises".

    Personnellement, je ne suis pas entièrement satisfait du ton quelquefois enjoué de celle qui lit ci-dessous : cela n'est pas assez sombre ; l'enjouement du désespoir exige un ton autre.

    Il n'empêche, néanmoins, que cette lecture a de la classe et tгапsmet des vérités psychologiques !!!











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    Comme écrit plus haut, l'on ne peut trancher définitivement, quand bien même la thèse de la paternité littéraire de Guilleragues a obtenu des faveurs dernièrement, pour une attribution certaine, si bien que des éditions maintiennent l'anonymat, d'autres optent pour Guilleragues auteur, d'autres encore choisissent un Guilleragues traducteur des lettres de Mariana Alcoforado.




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    J'espère que vous vous laisserez séduire, si vous ne connaissez déjà les "Lettres Portugaises", par leurs accents fiévreux, et qui - à mon avis - n'ont pas eu d'égaux dans la littérature - risquons l'adjectif "universelle" - ensuite.




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    Un lien vers le texte complet des "Lettres Portugaises" :

    http://www.bacdefrancais.net/portugaises_texte.htm


    Un lien vers la première édition des "Lettres Portugaises" sur "Gallica", la bibliothèque électronique qui met à disposition des reproductions à l'identique de trésors de la littérature et de la bibliophilie, la bibliothèque électronique liée à la Bibliothèque Nationale de France (la BNF) :


    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8610774j.r=Lettres+portugaises.langFR


    Si vous tapez "Lettres Portugaises" dans la fenêtre du moteur de recherche sur Gallica, vous obtenez toutes les suites et les variations qui témoignent du retentissement de cet ouvrage dès sa parution.



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    Je dois vous avouer une seule chose : les "Lettres Portugaises" sont, pour moi, LE livre que, prié de choisir d'emporter sur une île déserte à raison d'un seul, je choisirais.

    Court, oui,

    dramatique, oui,

    du dix-septième siècle, eh oui,

    passé de mode, mais il n'y a pas de mode en littérature (ne confondons pas littérature et commerce de la librairie qu'activent les prix littéraires),

    vieillot, mais non pas du tout,

    bien rhétorique, vous n'entendez rien à la passion,

    féminin, ah bon les sentiments différeraient selon les sехes,

    et tellement féminin que la thèse d'un homme auteur est d'un ridicule achevé et une usurpation manifeste, et la faсulté d'identification d'un auteur qu'en faites-vous,

    des mots tout féminins je vous dis, puisque vous l'affirmez ne vous contrarions pas,

    ....

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