Bonsoir à toutes et à tous,
Le 25 mai dernier, le quotidien national italien "La Repubblica", publie la lettre d’un jeune de 17 ans appelant la classe politique et la société à entendre la voix d’un homosexuel.
« Je suis gay, j’ai 17 ans, et cette lettre est peut-être ma dernière alternative au suicide, martèle le jeune homme, dans un monde qui ne m’accepte pas, bien que je sois né ainsi.
Le courage véritable, ce n’est pas de se suicider à presque 80 ans, poursuit-il, en référence à Venner ,( le suicidé à Notre-Dame, quelques jours après le vote de la loi sur le mariage pour tous en France) mais de survivre à l’adolescence avec un tel fardeau, en ayant conscience de n’avoir rien fait de mal, sinon d’avoir suivi ses propres sentiments (…)
La chance de naître hétérosexuel n’est pas donnée à tous. S’il y avait moins de discriminations et plus de compassion ou de charité chrétienne, tous ceux qui nous haïssent cesseraient de le faire parce que, eux, par quelque volonté divine inconnue et injuste, ont été chanceux. Je ne demande pas au Parlement de rédiger une loi qui autorise le mariage homosexuel – je ne suis pas aussi stupide
– je demande seulement d’être écouté. »
« Un pays qui se dit civilisé ne peut pas abandonner des parties de soi. Il ne peut pas non plus se permettre de vivre dans une loi contre l’homophobie, un mal qui pousse beaucoup de jeunes à se suicider pour retrouver cette liberté qu’ils ont perdue au moment même où ils ont respiré pour la première fois.
Il n’y a aucun mal à vivre tel qu’on est ; le vrai défaut, c’est de vivre en faisant semblant d’être différent. Nous ne sommes pas des monstres, nous n’avons pas non plus été touchés par le diable quand nous étions petits (…) Nous demandons seulement d’exister. »
Le lendemain de la publication de cette lettre, partagée par près de 19 000 personnes sur facebook, le quotidien de centre-gauche publie la réponse de Laura Boldrini. La Présidente de la toute récente chambre des députés italienne y répond.
Dans sa longue lettre, l’ancienne journaliste et actuelle femme politique de gauche fait le lien entre le témoignage de Davide et le suicide au mois de janvier d’une adolescente de 14 ans, Carolina, harcelée sur les réseaux sociaux : « Toi et Carolina, vous parlez à nous, parents, et à un pays qui trop souvent ne sait pas écouter.
Toi tu l’as fait, heureusement, avec les mots qui constituent ta lettre.
Elle, elle l’a fait en sautant du 3ème étage. Mais tous les deux vous décrivez une société qui ne sait pas protéger ses enfants. Elle ne sait pas les protéger car elle est oppressée par le conformisme, incapable de concevoir la diversité comme une richesse pour tous, et désorientée face aux changements. »
Remerciant Davide d’avoir mis les politiques « face à leurs responsabilités », la Présidente de la Chambre s’est engagée à agir
L'Italie est un pays encore très conservateur, D'après un sondage 73% des personnes interrogées condamnent les discriminations que subissent les homosexuels.
Pourtant, elles considèrent que les gays ne devraient pas exercer certaines professions: pour 24,8% d'entre elles, il est impensable qu'un homme politique soit gay. Elles sont même 41,4% à penser qu'un enseignant ne peut pas être homosexuel. Pire, elles ne sont que 20% à souhaiter que les gays puissent adopter. Au sud de l'Italie, la discrimination envers les homosexuels semble la plus forte: 32.3% des sondés associent homosexualité et immoralité. Pour 28,3% d'entre eux, l'homosexualité est même considérée comme une maladie.
Encore un long chemin à parcourir pour l'Italie ...






