Maria da Nazaré

Le Fado est une école de la sensibilité.

Ce n'est pas une école du show, de ses paillettes et de ses performances.

Chaque Fado, serait-il connu par cœur de chacun, au moment précis de son émission, est une création unique.

Le Fado se chante d'abord dans les tavernes et les restaurants, au milieu de gens qui mangent, et qui suspendent leurs fourchette, et les laissent de côté, parce que, soudain, une émotion les prend : ils ou elles frissonnent, sans savoir bien pourquoi.

Ils ou elles ne savant pas forcément la langue portugaise ; le frisson voyage, persiste, se précise ; comme une tristesse, mais ce n'est pas un abattement, car le Fado n'est pas une chanson de deuil et de déploration, se dévoile en eux ; il demeure la fermeté et la certitude des sentiments.

Ainsi en est-il de Maria da Nazaré.

Je pense qu'il est capital de vous montrer, pour autant que le Portugal et son peuple vous intéressent et vous retiennent quelque peu , que le Fado n'est pas en son essence ces grandes démonstrations en concerts publics données par de légendaire chanteuses et d'insignes chanteurs.

Non, le Fado est un art populaire, collectif, qui conjoint la sensibilité de la ou du fadiste avec celle d'un public de hasard, soudain attentif et réuni, plongeant en lui-même au réveil de ses émotions.

Le Fado n'est pas d'abord une prestation musicale ; les paroles soutenues des guitares classiques et portugaises sont des moyens, et non des fins ; les fins poursuivies, plus qu'ailleurs, sont de restituer chacun à son être intérieur.

C'est pourquoi le Fado est recueillement pour distinguer en soi les émotions vivantes de l'âme. Et j'écris ce mot "âme", sans nullement faire mention d'une entité surnaturelle : ce sont les mouvements qui barattent votre esprit et vous bouleversent.

Le Fado est un moyen de transformation spirituelle.

"un moyen de transformation spirituelle", écris-je plus haut : cela n'équivaut pas à une voie mystique, mais bien à une voie de la connaissance de soi-même, et non de la connaissance d'un Soi divin.