Connexion :

Presque rien - Next to Nothing - Paul Bowles - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Presque rien - Next to Nothing - Paul Bowles
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 27 octobre 2012 à 18:39
    ---- Paul Bowles, qui vécut au Maroc avec son épouse, après les quatre années de silence qui suivirent la mort de sa femme, publia, en 1977, un long poème qui a donné son nom à ses "Poèmes choisis" (Collected Poems, 1926-1977), publiés par Black Sparrow Press en 1981, "NEXT TO NOTHING".

    C'est son plus long poème, de toute sa vie.

    ---- Références : Next to Nothing = Presque Rien : édition bilingue / par Paul Bowles ; traduction par Daniel Martinez. - Édition des Deux-Siciles, 2010. - Prix de six euros et cinquante centimes. - ISBN (numéro identifiant international du livre) : 978-2-84991-025-2.

    Les éditions de Deux-Siciles n'ont pas de diffuseur et vous ne trouverez pas les livres publiés par elles en librairie : Daniel Martinez fait tout, tout seul !!! Les éditions des Deux-Siciles ont un site internet, lié à la revue de poésie "Diérèse", cinquante-sept numéros publiés en quatorze années, douze euros pour deux cent cinquante pages, beaucoup de poésie française contemporaine (Nicolas Dieterlé, André Velter, ..), de la poésie des langues les moins pratiquées en Europe (récemment l'hindoustani). Le site internet vous donne un large panorama des activités éditoriales des Deux-Siciles. Adresse, prix, tout y est.

    ----- Le poème "Next to Nothing", long, lancinant, pudique et violent est un bel exemple de la prose poétique anglaise. Avec une rythmique subtile et des jeux de sonorités tout aussi élaborés. Cela paraît peu travaillé ; mais essayez de parvenir à ce dépouillement, à cette absence de pathos, à l'évocation de la peine plus qu'à sa description : vous sentirez combien cet exercice exige de retenue, de remise sur le métier, de noblesse d'âme aussi pour ne pas étaler et gratter ses blessures, et se donner en spectacle par un lamento larmoyant.


    ---- TEXTE ORIGINEL ANGLAIS DE PAUL BOWLES :

    (...) There was a time when life moved on a straighter line.
    We still drank the water from the lake,
    and the bucket came up cold
    and sweet with the smell of deep water.

    The song was everywhere that year, an absurd refrain :
    It's only that it seems, and isn't.
    It only that it seems so many years,
    and perhaps it's one.
    When the treees were there I cared that they were there,
    and now they are gone.
    On our way out we used the path that goes around the swamp.
    When we started back the tide had risen.
    There was another way, but it was far above and herd to get to.
    And so we waited here, and everything is still the same.

    There were many things I wanted to say to you
    before you left. Now I shall not say them.
    Though the light spills onto the balcony
    making the same shadows in the same places,
    only I can see it, only I can hear the wind
    and it is much too loud.
    The world seethes with words. Forgive me.
    I love you, but I must not think of you.
    That is the law. Not everyone obeys it.
    Though time moves past and the air is never the same
    I shall not change. That is the law, and it is right.

    Yes, yes, I went with her. Yes.
    In the shine of morning and the glow of afternoon. (...)

    ---- TRADUCTION FRANÇAISE DE DANIEL MARTINEZ :

    (... ) Il fut un temps où la vie courait en plus droite ligne.
    Nous continuions à boire l'eau du lac,
    et l'eau du seau remontait froide
    et pure avec la senteur de l'eau ргоfопԁе.

    Partout la même chanson cette année-là, son stupide refrain :
    Aussi long qu'il y paraît, il n'en est rien.
    C'est que tant d'années semblent avoir passé,
    peut-être il n'y en eut qu'une.
    Quand il y avait des arbres là j'appréciais qu'ils y soient,
    et il n'y en a plus maintenant.
    Sur le chemin du retour nous empruntâmes le sentier
    qui fait le tour du marais.
    Dès que nous nous sommes mis en route les eaux montèrent.
    Il existait un autre chemin, mais bien au-dessus et difficile d'accès.
    Et c'est pourquoi nous avons attendu ici, où tout demeure à l'identique.

    Il y avait tant de choses que je voulais te dire
    avant ton départ. A présent je ne les dirai pas.
    Bien que la lumière envahisse le balcon
    avec les mêmes ombres aux mêmes endroits,
    seul je peux les voir, seul je peux entendre le vent
    et il est bien trop bruyant.
    Le monde bouillonne de mots. Oublie-moi.
    Je t'aime, mais je ne dois pas penser à toi.
    Telle est la loi. Tout le monde n'y obéit pas.
    Bien que le temps s'écoule à nos côtés et que l'air ne soit jamais le même
    je ne changerai pas. Telle est la loi, et elle est juste.

    Oui, oui, j'ai été avec elle. Tout à fait.
    Dans le soleil du matin et le rougeoiement de l'après-midi. (...)

Pas encore inscrit(e) ? Créez votre profil en quelques clics seulement et profitez !