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Quand la vie devient plus puante que la mort… (page 19) - Religions & croyances diverses

Sujet de discussion : Quand la vie devient plus puante que la mort…
  • sylvain108 Membre occasionnel
    sylvain108
    • 2 septembre 2019 à 21:00
    Je ne suis pas du tout d'accord avec ce que tu écris :

    choix du patient et l'accorder ne se fait pas en 2 jours...çà met des mois de discussions et d'échanges entre le personnel soignant, la famille et le patient.

    Pour moi :

    L'euthanasie devrait être un droit individuel. Il n'y a donc pas à l'accorder ou pas. La famille, les soignants et tout le reste n'ont rien à y décider. C'est un choix personnel. Je comprends la difficulté pour celui qui la met en oeuvre mais on trouvait bien des bourreaux il n'y a pas si longtemps. J'ai comme l'impression que ceux qui s'opposent à l’euthanasie sont les mêmes que ceux qui étaient contre l'abolition de la peine de mort.

    Reste la solution du coup de fusil mais faut pas se rater et disposer d'un fusil et de la bonne munition et être en capacité physique de le faire. Heureusement le suicide est encore autorisé !
  • verdeau Membre expérimenté
    verdeau
    • 2 septembre 2019 à 21:01
    En réponse au message de sylvain108 :

    Je ne suis pas du tout d'accord avec ce que tu écris :

    choix du patient et l'accorder ne se fait pas en 2 jours...çà met des mois de discussions et d'échanges entre le personnel soignant, la famille et le patient.

    Pour moi :

    L'euthanasie devrait être un droit individuel. Il n'y a donc pas à l'accorder ou pas. La famille, les soignants et tout le reste n'ont rien à y décider. C'est un choix personnel. Je comprends la difficulté pour celui qui la met en oeuvre mais on trouvais bien des bourreaux il n'y a pas si longtemps. J'ai comme l'impression que ceux qui s'oppose à l’euthanasie sont les mêmes que ceux qui étaient contre l'abolition de la peine de mort.

    Reste la solution du coup de fusil mais faut pas se rater et disposer d'un fusil et de la bonne munition. Heureusement le suicide est encore autorisé !

    C'est bien le principe d'un forum de discussions...
  • sylvain108 Membre occasionnel
    sylvain108
    • 2 septembre 2019 à 21:03
    Oui et c'est dans ce cadre que je dis que je ne partage pas.
  • verdeau Membre expérimenté
    verdeau
    • 2 septembre 2019 à 21:14
    Je suis pour l'euthanasie et c'est bien sûr avant tout un choix individuel mais tout n'est jamais aussi simple.

    Chez nous, il y a aussi l'euthanasie des mineurs... et à cet âge immature, peut on vraiment prendre cette décision seul? Ceux qui "débranchent" (médecins et familles) ont un mot à dire car ils en ont la lourde responsabilité.

    Maintenant, je suppose que l'extrême douleur sans espoir de guérison de la part des mourants de tous âges, parlent à la place du mourant de façon tonitruante quel que soit l'âge.
  • sylvain108 Membre occasionnel
    sylvain108
    • 2 septembre 2019 à 21:37
    J'étais dans le cas de majeur en état de conscience. Evidemment qu'il y a une multitude de cas particuliers. On ne peut pas produire une loi d'un claquement de ԁоіgts. La loi belge est une très bonne loi. L'idée de la déclaration à posteriori de la pratique de l'acte d'euthanasie est pertinente. C'est le contexte de sa mise en oeuvre qui pose problème.

    En France, quand la majorité était à 21 ans, l'Etat à envoyer des mineurs se faire tuer à la guerre... et là, ça ne posait pas de problème. Je sais, on me reproche assez de faire des comparaisons.
  • parfum-de-femme Membre élite
    parfum-de-femme
    • 2 septembre 2019 à 21:48
    En réponse au message de verdeau :

    Ceux qui "débranchent" (médecins et familles) ont un mot à dire car ils en ont la lourde responsabilité.

    Il m'est arrivé de défendre une vieille copine dans sa volonté, non pas de mourir, mais de refuser une opération qui allait la prolonger, au mieux de quelques semaines.

    Elle était atteinte d'un cancer géпіtаl qui s'était généralisé.
    Elle avait 75 ans et avait perdu 17 kg en trois semaines.

    Elle avait beau dire: "Laissez moi tranquille; je sais où je vais et je suis prête"; ils lui imposaient cette opération.
    J'étais dans la chambre quand ils ont tenté de l'emmener de force au bloc, arguant du fait qu'elle ne tiendrait pas 24h sans cette intervention.

    Je me suis interposé et le chirurgien a été appelé à venir pour nous mettre les points sur les i.
    Je lui ai signifié que, bien que n'étant pas de sa famille, j'étais susceptible de témoigner de l'absence de consentement éclairé de la malade ainsi de se connaissance de sa mort imminente et de son refus ferme d’être opérée.

    Sa réponse: "Vous, dans moins d'un quart d'heure, vous sortez entre deux vigiles"; avant de tourner les talons, en rogne.

    Les vigiles ne sont pas venus, elle n'est pas descendue au bloc et s'est éteinte le lendemain…

    Ce faisant, j'ai endossé une lourde responsabilité.
    Mais je n'ai rien fait d'autre que de la soutenir dans ses derniers instant, de faire valoir ce qu'elle voulait, elle.

    Si c'était endossable pour moi, en tant qu'ami fidèle, n'est-ce pas endossable aussi pour des gens dont c'est le métier et sans les liens affectifs que j'avais pour cette personne

    Il est à noter que ce n'était pas vraiment une question d’euthanasie mais de ne pas s'acharner contre l'inéluctable, et pourtant, même cela s'est révélé être un combat.
    C'est quand même très symptomatique d'une société qui refuse de voir la mort en face…
  • sylvain108 Membre occasionnel
    sylvain108
    • 3 septembre 2019 à 05:59
    Je comprends très bien la situation. La question s'est posée pour mon compagnon quand il a été transporté par hélico vers la Salpêtrière. Il était conscient, son choix, partagé avec moi, a été terrible... on avait encore de l'espoir. Dans la réalité vraie il n'y en avait aucun mais on était mal (pas) informé et "dans l'urgence".

    Moi aussi on m'a fait, en soins palliatifs, le coup de "maintenant Monsieur, vous sortez". J'ai répondu : hors de question, je suis sa personne de confiance désignée. J'étais décidé à faire établir un constat d'huissier afin de porter plainte pour non respect de la loi Claeyse :

    Un médecin ne peut pas s’opposer à une demande de sédation ргоfопԁе et continue de la part d’un patient atteint d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et qui présente une « souffrance réfractaire aux traitements ». Ou lorsque sa « décision d’arrêter un traitement engage son pronostic vital à court terme et est susceptible d’entraîner une souffrance insupportable ».

    Dans les heures qui ont suivi cette altercation avec le médecin, mon compagnon a été mis sous sédation définitive. Je suis venu toutes les 12 heures vérifier qu'il en était toujours ainsi (jusqu'à son décès légal). J'ai donc partagé cette lourde et terrible responsabilité de priver mon compagnon de ses derniers moments de vie. Nous en avions convenu tout les deux mais oui, ça pèse. Après son décès, finalement, je n'ai aucun remord d'avoir agit ainsi : la douleur ne servait plus à rien.

    Je ne souhaite à personne de devoir rencontrer une telle épreuve. La mort n'est pas une libération.
  • parfum-de-femme Membre élite
    parfum-de-femme
    • 3 septembre 2019 à 10:31
    Ton témoignage souligne bien cette situation de bêtes aux abois dans laquelle on se trouve face à ce qui s'annonce dans une telle situation.
    Ce n'est pas pour te dévaloriser mais je ne vois pas d'autre façon de bien l'exprimer.

    D'un coté, on sait que c'est la fin de l'histoire.
    De l'autre, on la refuse de toutes les pores de sa peau; c'est épidermique, non raisonné, irrationnel.

    Comme ce sont les liens qui nous lient avec celui qui part qui en sont la cause, on devrait trouver de la raison, de la rationalité, quelque chose qui nous ramène à la réalité de la situation de la part des médecins qui eux, ne sont pas dans le même affect que nous.

    Mais non; à notre trouble, ils ajoutent souvent un combat supplémentaire alors que la situation est déjà si difficile à vivre…

    Dans la situation que j'ai vécu, le plus fort, ou plutôt la plus forte a été ma vieille amie.
    C'est elle, dans sa tranquille détermination, qui ma donné la force de la défendre, d'agir alors que j'étais paralysé dans l'émotion de la situation.

    Le sentiment de culpabilité que l'on ne manque pas de ressentir quand notre intervention signe un arrêt de mort est aussi humainement compréhensible que non logique.
    Ni toi, ni moi n'avons tué quelqu'un mais leurs maladies.

    Qu'avons nous fait d'autre que de nous associer à la volonté des principaux intéressés et de faire valoir ce que de droit

    Mais c'est aussi une clef de compréhension d'une logique médicale qui ne l'est pas parce que le médecin est aussi un mortel susceptible de connaître un sentiment de culpabilité inapproprié.

    Il peut y avoir aussi chez eux des motivations moins humaines et plus intéressées…
    Mais leur "humanité"conditionnée par une blouse blanche les fait exagérer alors que seul un temps inutile est à gagner…

    Ils érigent la mort en tant qu'échec professionnel quand elle n'est que l'issue impérative de tout vivant.
    Un tel postulat, un tel conditionnement professionnel (coté Français surtout) rend héroïque l'acharnement et lâche son aЬапԁon.

    La réalité des choses est inverse et ce "lâcher prise" de celui qui meurt et l'aide qu'il peut recevoir s'il a la chance d'être bien entouré; tout cela demande du courage.

    Un courage dont bien des soignants et proches font l'économie, ce qui tend à perpétuer des pratiques "conservatrices" quand il ne s'agit pourtant plus que d'agonie…

    Ton homme a eu de la chance de t'avoir près de lui…
  • verdeau Membre expérimenté
    verdeau
    • 3 septembre 2019 à 11:50
    Il y a pas moins de 15 jours, on a enterré un cousin âgé de 40 ans qui avait été victime d'un AVC.

    Son fils l'avait découvert encore respirant mais trop tard et le diagnostic était sans appel; les dégâts cérébraux l'auraient mis dans un état végétatif comme un légume.

    Il a fallu un certain temps aux proches pour décider de débrancher, et avec raison.

    Oui, il n'y a pas d'âge pour mourir mais 40 ans c'est encore jeune et, à cet âge, peu de personnes émettent verbalement à leurs proches le souhait d'être euthanasié, ou encore donner ses organes à la science, etc,..

    Et dans ces cas de forces majeures, il incombe à la famille et aux médecins de décider à la place du concerné s'il n'a jamais émis ses désirs de mourir dans de tels cas.

    La mort reste encore très tabou et les familles n'en parlent que pour les aspects financiers hélas...

    Cependant, je crois que le bon sens vas dans celui de l'euthanasie car, dans ces circonstances, quel individu choisirait de continuer à respirer et à souffrir avec pour seule perspective d'être arrosé avec les géraniums tous les soirs?..



    Mais bon, c'est un sujet très délicat et il appartient à chacun(e) de se faire un avis.

    Ce sujet est tellement compliqué et philosophique que quelle que soit la réponse subjective qu'on apporte, elle paraitra sans doute simpliste.
  • gxmg2 Membre occasionnel
    gxmg2
    • 29 juillet 2023 à 18:58
    En réponse au message de parfum-de-femme :

    En réponse au message de verdeau :

    Ceux qui "débranchent" (médecins et familles) ont un mot à dire car ils en ont la lourde responsabilité.

    Il m'est arrivé de défendre une vieille copine dans sa volonté, non pas de mourir, mais de refuser une opération qui allait la prolonger, au mieux de quelques semaines.

    Elle était atteinte d'un cancer géпіtаl qui s'était généralisé.
    Elle avait 75 ans et avait perdu 17 kg en trois semaines.

    Elle avait beau dire: "Laissez moi tranquille; je sais où je vais et je suis prête"; ils lui imposaient cette opération.
    J'étais dans la chambre quand ils ont tenté de l'emmener de force au bloc, arguant du fait qu'elle ne tiendrait pas 24h sans cette intervention.

    Je me suis interposé et le chirurgien a été appelé à venir pour nous mettre les points sur les i.
    Je lui ai signifié que, bien que n'étant pas de sa famille, j'étais susceptible de témoigner de l'absence de consentement éclairé de la malade ainsi de se connaissance de sa mort imminente et de son refus ferme d’être opérée.

    Sa réponse: "Vous, dans moins d'un quart d'heure, vous sortez entre deux vigiles"; avant de tourner les talons, en rogne.

    Les vigiles ne sont pas venus, elle n'est pas descendue au bloc et s'est éteinte le lendemain…

    Ce faisant, j'ai endossé une lourde responsabilité.
    Mais je n'ai rien fait d'autre que de la soutenir dans ses derniers instant, de faire valoir ce qu'elle voulait, elle.

    Si c'était endossable pour moi, en tant qu'ami fidèle, n'est-ce pas endossable aussi pour des gens dont c'est le métier et sans les liens affectifs que j'avais pour cette personne

    Il est à noter que ce n'était pas vraiment une question d’euthanasie mais de ne pas s'acharner contre l'inéluctable, et pourtant, même cela s'est révélé être un combat.
    C'est quand même très symptomatique d'une société qui refuse de voir la mort en face…

    Bravo pour votre article, je n'avais encore rien lu de si juste sur ce thème de "société". J'aimerais finir dans les mêmes conditions sans concession aucune avec le corps chirurgical.

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