Yves, tu n'as pas besoin de te fustiger - laisse donc la fustigation, et la macération aux moines -, mais j'avoue que ta comparaison - hier - des immigrants avec des fourmis, et ta froide livraison, ensuite, d'une recette (du borax avec du sucre) pour éliminer les fourmis charpentières, m'a suggéré bien des images de camps d'extermination, dont l'Europe s'est couverte durant la période nazie, pour, à coup de Zyklon B, exterminer les Juifs, mais aussi des Slаvеs, des tsiganes, et d'autres.
Mais je ne crois pas - je te le répète ici - que, toi-même, tu aies eu conscience de ce que ta comparaison menée jusqu'à cette recette d'extermination des fourmis avait comme résonance, et quels faits historiques elle réveillait et remettait à l'honneur comme "solution".
La puissance des sentiments peut amener de ces glissements sans que l'on s'en rende soi-même compte ; nous y sommes tous sujets, et je ne le sais que trop, par l'expérience de mon intimité personnelle.
L'on n'y prend jamais assez garde ; l'on n'est jamais assez en garde contre soi-même et ses emportements.Revenons au Québec.
Tu sais, autant je peux concevoir combien les Québécois francophones peuvent se sentir une citadelle assiégée en Amérique du Nord, autant je constate que bien des progrès ont été réalisés en fait de protection et de promotion de la langue française (ce qui n'a pas été sans mal, voire sans état de siège, ni sans attentats, ni sans des décisions tranchantes, ni sans des défaites à des référendums sur la souveraineté).
Et autant je constate que la littérature québécoise, que je connais si mal, mais qui ne serait-ce qu'avec Michel Tremblay (oui, lui, toujours lui) et ses émouvantes pièces de théâtre - que je lis depuis l'adolescence - et son cycle du "Plateau Mont-Royal", est une littérature vivante (il y a d'ailleurs à Paris la Librairie du Québec, 30 Rue Gay-Lussac, 75005) : c'est bon signe !!!
Et c'est vers ce corps social vivant que se produisent des immigrations, pas vers un corps amorphe, sans tonus, sans ressources !!!
Alors, comme tu le remarques, quelque immigration que ce soit ne se fait pas dans le рlаіsіг, mais dans la perte de son pays, d'amis, de paysages familiers, d'un environnement linguistique, et de ses liens familiaux.
Aussi suis-je content que des immigrés viennent au Canada, et plus singulièrement au Québec, et y soient bien reçus : ainsi ils se fondront d'autant plus aisément dans la population, et apprendront le français, seraient-ils bouddhistes, musulmans, athées, protestants, ou même Juifs (comme le maire de Montréal, je te taquine, ciboire et hostie, cet homme est bilingue !!!)
Cordialement,
Climax69007, depuis Lyon (France).
-----------------------------------------------------------------------------------------
La France a connu bien des vagues d'immigration, depuis les temps préhistoriques (pensons en terme de futur territoire français), puis aux périodes historiques, Grecs, Romains, Vandales, Wisigoths, Ostrogoths, Francs, Italiens, Juifs portugais, Savoyards (quand la Savoie était un État étranger), Algériens, Tunisiens, Marocains, Polonais, Arméniens, Portugais, Espagnols, Vietnamiens, Chinois, Cambodgiens, etc.
Il existe dans la ville de Valence une institution unique en France, une institution municipale, le Centre du Patrimoine Arménien, qui - outre le récit du génocide des Arméniens par l'Empire Ottoman - s'intéresse à tous les mouvements migratoires actuels : leurs causes, leurs directions, les installations, les acclimatations.
Les Arméniens ont été particulièrement nombreux à émigrer dans la région de Valence, surtout pour travailler dans le textile, quand ils ne devenaient pas petits ou grands commerçants (l’Épicerie Bahadourian, à Lyon, est restée, depuis sa fondation, le haut lieu des épices et de l'Orient - et une entreprise florissante !)
Le lien vers le Centre du Patrimoine Arménien :
http://www.patrimoinearmenien.org/Il y a de nombreux onglets асtіfs, dont un consacré au fait que l'immigration répond à des besoins de pays comme la France : cela contredit l'idée toute faite d'une immigration proliférante et s'abattant comme les sauterelles bibliques sur un pays de miel.