Il est très bien, ton sujet, Kiwikou. Merci!
Je viens aussi d'une famille (avec laquelle d'ailleurs, j'ai dû rompre) où parler, dire ses sentiments, ce que l'on pense, exprimer ses besoins est tabou. Pendant des années, je me suis crée une forteresse qui reposait sur un principe assez simple: j'y arriverai toute seule.
Et puis un jour, je me suis effondrée, et j'ai bien dû reconnaître que seule, je n'y arriverai jamais.
Donc, peu à peu, j'ai ouvert ma forteresse, mais le processus est très lent.
J'ai commencé à me confier d'abord à un psychanalyste puis aussi par l'écriture, et je me suis rendue compte que mettre à distance les mots qui disent ce que j'ai à l'intérieur est la meilleure façon d'évacuer la souffrance et d'en faire quelque chose.
Puis j'ai transposé ce principe, lorsque je sens l'occasion propice bien sûr, à toute personne rencontrée et j'ai commencé à partager ce que j'écrivais, avec des effets assez spectaculaires qui vont d'un grand apaisement à la prise de conscience qu'au fond, nous avons tous les mêmes problèmes, en passant par des moments d'échange très fulgurants.
C'est vrai que parfois, il est plus simple de se confier à des inconnus et d'après moi, c'est parce que parfois, avec les personnes proches, un affect particulier empêche d'approfondir la conversation, et cela peut être dû à la peur du jugement et la peur de la perte ( par exemple, si je dis ça, il/elle va penser ça, donc je me censure pour que la personne ne soit pas fâchée et ne s'éloigne pas de moi).
Le problème, c'est que se censurer, s'interdire n'emmène souvent que des regrets, des amertumes, des impressions -qui souvent se confirment- de ne pas avancer, de ne pas être soi-même ou de répéter les mêmes histoires.
Du coup, en ce moment, je suis en train de pas mal me poser de questions sur les thèmes de la culpabilité (un vrai boulet pour moi et je dois m'en dégager) et de l'acceptation (associée à l'idée qu'on ne peut pas plaire à tout le monde).
D'ailleurs, je suis persuadée que toute rencontre, voire même tout échange, a pour but de mettre en lumière notre fonctionnement (l'autre reflète ce que nous sommes, comme un miroir), de nous faire avancer par rapport à un préjugé ou un thème bien précis qui nous occupe, de nous permettre de nous détacher.