Un jour, j'étais en Zone d’Éducation Prioritaire, avec des élèves pas faciles, j'ai remis dans le rang avant de monter dans les étages du collège un élève simplement en posant la mains sur son épaule et en le repoussant dans le rang sans le jeter par terre, l'élève a littéralement explosé et m'a insulté et traité de tous les noms, j'avais ajouté à la violence quotidienne de sa vie un élément de trop, et il a fallu un surveillant costaud pour le raisonner, je suis sûr que cet élève a exprimé envers moi ce qu'il n'a pas pu exprimer envers des parents qui le cognaient. Alors, bien sûr, nous en avons reparlé avec une Conseillère Principale d’Éducation, entre six yeux, d'abord pour lui dire que je n'avais pas l'intention de le bousculer, mais ça m'a donné à penser.
Depuis ce jour-là, je me pose des questions sur la validité des violences physiques, en matière d'éducation.
Je pense que tu as parfaitement analysé la situation. Une des raisons (une parmi bien d'autres, entendons-nous) pour lesquelles ces enfants se rebellent à ce point lorsqu'ils se trouvent dans le giron de l’Éducation nationale tient en une explication simple. Ils savent qu'ils ne seront pas frappés à l'école, tandis qu'ils ne peuvent s'élever contre l'injustice de certains châtiments pseudo-éducatifs infligés dans le cadre familial. Sous l'autorité de leurs parents, toute protestation engendrerait une surenchère dans la violence.
L'un des problèmes principaux de la fеsséе est que cette catégorie de "correction" associe le respect de la règle à la crainte des coups et de l'humiliation, et non pas à la compréhension du bienfondé de l'interdit. Ainsi, dès lors qu'un enfant ne risque plus le châtiment, il ne voit plus l'intérêt de respecter la règle. Les familles laxistes autant que les familles violentes (car la fеsséе est l'exercice d'une violence que l'on dit légitimée par l'autorité) ont donc leur part de responsabilité dans les problèmes comportementaux des enfants.
Que l'on ne se fourvoie pas sur le sens de mes propos. Je ne rédige pas un plaidoyer pour le sacre de l'enfant roi, comme certains semblent le croire à tort. Ce n'est pas parce qu'on ne frappe pas un enfant, qu'on ne peut lui inculquer un cadre de vie sain et des règles strictes, qu'il doit respecter sans sourciller.
La véritable autorité est détenue par celui qui a le pouvoir de se faire obéir sans menace ni contrainte physique, car ses règles et sa parole sont considérées comme justes et légitimes.