Il y a un processus psychologique, fondamental, qui est la projection : à partir d'un clivage intérieur, ne pas reconnaître ce qui appartient à soi-même, et l'évacuer, en le projetant et collant sur un autre.
C'est une opération de délestage, de purification de soi-même, car - bien évidemment - ce qui est projeté/évacué sur un autre est ce qui est insupportable, et porte atteinte à l'image idéale que l'on voudrait avoir de soi-même.
Ainsi, le monde peut être repeint selon les couleurs qu'on y mettra ; et si le regard, les oreilles, tous les sens participent à ce remodelage du monde environnant, la parole dépréciative qui qualifie et blesse et dévalorise l'autre est une opération qui, sous couvert de langage, donc de raisonnement, charge l'autre de venin, et de propriétés nocives.
Oui, il y a là un soulagement passager ; mais à force de projeter sur l'environnant, la mauvaise langue pollue son propre milieu de vie ; et à long terme, cette technique de délestage ne peut qu'être sujette à un retour du projeté, qui prendra une forme d'abord persécutrice, qui perdurera, si l'on ne convient pas de la nature ambivalente de ses sentiments envers les autres, et du fait qu'ils sont sоumіs à notre grille de lecture.
Je décris précédemment une forme pathologique de la projection mais celle-ci est un processus psychologique, ordinaire et commun, irréductible à des états pathologiques, car elle est ce qui précède toute perception et l'accompagne ; et dans ce processus, où se mêle le perçu, et ce que l'on attribue au perçu, distinguer ce qui est de soi et ce qui est de l'autre est tout l'enjeu d'une perception juste des autres et du monde.
Voilà pour donner un peu de champ psychologique à cette question des mauvaises langues !!!
Le livre de référence sur la projection :

Bonne soirée !
Et arrêtez de vous injurier !
