J'ajoute qu'en dépit de son caractère purement hasardeux, toute référence à un événement de l'actualité est inévitable, étant donné le contexte référentiel limité qui est le nôtre.

S'il avait existé, les journalistes pourraient éventuellement faire les gorges сhаuԁеs de ce grand patron pour une raison simple. Sa notoriété
post mortem serait forgée dans les paradoxes d'un héro romanesque, dont la moustache franchouillarde ferait pâlir de jalousie bien des Gaulois du village d'Astérix.
D'un côté, ce personnage pourrait revendiquer un esprit responsable, au point de demander la réforme du régime fiscal de l'entreprise, afin de ponctionner les bénéfices de sa propre firme pour servir le principe de redistribution des richesses. Voilà comment on peut ехсіtег la consommation chauvine en se dissimulant derrière les atours de la bonne conscience nationale. D'un autre côté, ledit grand patron pourrait s'opposer aux sanctions imposées à ses gentils amis du gouvernement russe, dans la maison de campagne desquels il va passer quelques jours avant de se crasher contre une déneigeuse dont le GPS était alimenté à la vodka frelatée.
Cette pluie d'hommages venterait le beau parcours d'un PDG, attaché à une seule et unique entreprise nationale, telle la doctrine officielle de l’Église à indissolubilité du mariage. On parlerait des choix courageux et fructueux du
de cujus, dans le domaine de l'énergie solaire. On relèguerait au rang d’anecdotes les choix discutables de ce patron qui se serait vautré dans sa stratégie d'entreprise, en tablant sur les prix d'un baril de pétrole maladroitement surévalué. L'exploitation de la faim des Irakiens, sous embargo international, pour servir un trafic d'influence ne serait plus qu'un pêché véniel ; insuffisamment étayé devant les juges, il n'y aurait pas lieu d'en rechercher les zones d'ombre.
Bref, le grand patron dont il pourrait être question pourrait mériter quelques louanges pour le courage de n'avoir pas cédé aux sirènes de l'affairisme débridé et dépourvu de principes sociaux, tel qu'il pourrait être défendu par un Pierre Gattaz. Mais son décès et la douleur de sa famille - à laquelle on dit penser - feraient les choux-gras d'une presse trop contente de présenter une
success-story " à la française", suffisamment consепsuеllе pour faire pétiller des étoiles dans tous les yeux.