Eh non, Konsierge (et d'abord, bonsoir de ma part et merci de d'atteler à ce sujet rien moins que souriant), les morts ne nous seront d'aucun secours.
La mémoire les a déserté, l'être ils l'ont perdu, ils ne sont plus que restes et puis les traces laissés en nous ; le dialogue que nous pouvons avoir avec eux ne sera soutenu que par nous, dédoublés en duos, et les réponses et les questions philosophiques ne sont pas de leur ressort.
Elles sont du ressort de ce que souligne Yggdrasil, la quête après les belles avenues de la connaissance, la quête vers les amertumes, celle qui ne nous rassurera jamais.
Oui, la fin absolue de la vie avec la mort n'est pas démontrable, pas plus que n'est démontrable la survivance d'une âme post-mortem et après la mort de ce tout psycho-somatique qu'est notre corps sensible.
Cependant, comme toi, Yggdrasil (bonsoir !!!), j'adopte la position épicurienne de la dissolution personnelle avec la mort ; j'adopte l'image métaphorique des atomes un moment - le temps de ma vie - réunis qui se dispersent comme des poussières que l'on entrevoit dans un rayon de soleil.
Ce choix philosophique est celui de la finitude, de la temporalité terrestre, de l'absence d'un au-delà nous dictant des normes morales ; c'est aussi le choix du sепsuаlisme. Nos sens ne sont pas trompeurs, ils ne sont pas pécheurs et ne sont pas condamnables, ils nous informent justement (sauf distorsions corrigibles) de notre réalité propre et de notre environnement.
Et si je pose une "fin absolue", je t'accorde bien volontiers, Yggdrasil, que c'est là une part très rationnelle de moi qui décide pour mon confort, c'est un raccourci de la pensée qui ne veut pas affronter la douleur du savoir impossible, l'impossibilité du savoir certain, et surtout cette obscurité que nous est la mort.
G.G.M. en regrettant les limites de sa mémoire, et la défaillance consécutive du langage, pour regretter de ne jamais pouvoir raconter cette expérience, donne un relief à ce qui vient nourrir notre existence : les sensations, les représentations, les sentiments, notre être sensible vivant avec d'autres être sensibles.
Oui, seul un écrivain pouvait songer à regretter ce manque du langage qui n'atteindra jamais l'expérience de la mort, seulement ses alentours, causes, déroulement, conséquences (nous n'y sommes plus) ; c'est une pensée qui donne à penser...

Moi, elle m'étonne, je ne l’aurais jamais pensée.