Je ne sais pas si c'est de l'art, mais je la trouve intensément expressive cette photo. En lisant tes hashtags, toy, j'ai cru que c'était encore de la pure dérision, et j'ai trouvé ça cruel.
J'ai rarement lu une telle détresse, une telle gravité sur un visage. On croirait un petit animal égaré, aux abois. On entend sonner l'hallali. Elle a l'air à la fois surprise et tétanisée, incapable de réagir. Atomisée par la traque. A 32 ans, cette pauvre fille a le visage ravagé d'une femme à qui on en donnerait volontiers 15 de plus.
Dans le même temps, elle produit un tel effet comique avec sa petite blouse rose qui l'enrobe comme un bonbon et ses yeux cerclés de noir (соскer, chouette (effraie), chevreuil ?). Cheveux sagement tirés en arrière, boucles d'oreille en forme de perle, chercherait-elle à se donner l'air respectable, et anodin, d'une mère de famille de la middle class ? Mi-рutе, mi-soccer mom : totalement illisible. Cet imbroglio stylistique plaide décidément en faveur de la confusion mentale. Who the fuск am I?? Le grotesque ne fait qu'ajouter au pathos.
Une œuvre d'art se reconnaît au fait qu'elle induit, au minimum, une réaction d'adhésion (et l'on ressentira un sentiment de beauté) ou de répudiation (et l'on ressentira de l'indignation, de l'aversion, ...) : l’œuvre d'art entraîne une expérience esthétique.
Cette photo me donne епvіе de pleurer. On dirait une héroïne de John Cassavetes. S'il faut retenir ton critère de définition climax, alors oui, this is art. Il me semble qu'elle en dit plus long sur le star system et le media system que les deux heures du I'm still here de Joaquin Phoenix.