Pour ma part, je ne raisonne pas en ces termes de fierté nationale, de "cinquième puissance", etc.
Je suis un électeur de gauche, et j'attends d'un gouvernement dit "de gauche" qu'il ne mette pas ses pas dans le sillage des précédents gouvernements.
Je constate que l'expulsion de cette jeune file et de sa famille ne fait pas, du tout, l'unanimité, même au sеіп d'un Parti socialiste pourtant bien domestiqué (pas plus que n'a fait l'unanimité la contre-réforme des retraites au sеіп du groupe parlementaire du PS).
Ce qui ouvre une voie royale à la droite et au Front National, ce n'est pas que Monsieur Hollande "manquerait d'autorité" (là nous sommes dans le domaine de l'image et du halo politiques), mais que sa politique n'a pas un cours de "gauche", pour être inféodée tant au patronat français (puisque Hollande n'a de cesse de "baisser les charges des entreprises" en désignant le coût du travail salarié comme un fardeau) qu'en étant inféodée aux traités de l'Union européenne ("la concurrence libre et non faussée", soit la fin de tous les services publics ; l'euro comme monnaie, qui est un vol permanent du pouvoir d'achat).
Et l'on pourrait attendre d'un tel gouvernement qu'il rompe avec les gouvernements Sarkozy, en arrêtant le flot des expulsions, et qu'il endigue - par une politique volontariste - le racisme dans ce pays, en cessant d'opposer de méchants étrangers venant manger le pain des travailleurs français auxdits travailleurs, que Monsieur Ayrault prend à la gorge.
Le manque de socialisme, dans les politiques des socialistes, partout, à toute époque, a nourri la plus noire réaction :
- le Front Populaire français (l'alliance du PS et du PCF avec le parti de la bourgeoisie) a préparé, en 1936, tant la défaite de la Révolution espagnole par la non-intervention contre le putsch de Franco, que la venue au pouvoir du régime de Vichy (la même assemblée donnant les pouvoirs à Léon Blum votant les pouvoirs à Philippe Pétain) ;
- le Front Populaire, au Chili, alliance du PS chilien, du Parti communiste chilien et de la Démocratie-Chrétienne, aura préparé le putsch du général Pinochet en 1973 (cependant que Salvador Allende se refusait, jusqu'au bout, à armer les immenses foules qui manifestaient contre les futurs putschistes, et qu'Allende voyait dans Pinochet un légaliste digne de confiance, davantage que les travailleurs) ;
- le Parti des Travailleurs, au Brésil, empêtré dans ses alliances avec les partis de droite - PMDB, et autres - applique la politique du remboursement intégral d'une dette, qui n'est pas celle du peuple brésilien, mais bien celle des banquiers et de leurs chargés d'affaires militaires, qui - comme dans tous les pays - font de leur dette privée une charge obligée des budgets publics, et manquant aux devoirs les plus élémentaires envers les transports publics, le PT (Parti des Travailleurs) aura essuyé des manifestations monstres ; Dilma Rousseeff, la présidente PT, est tombé au plus bas dans les sondages ; la droite peut de nouveau se mettre en selle.
La trahison des fondamentaux d'une politique socialiste prépare le retour de la droite au pouvoir.
C'est valable maintenant, en France.
Et, être de gauche, c'est prendre la population dans son ensemble, et défendre les couches les plus exposées et exploitées dans ce pays, et les plus désignées à la vindicte publique par des gens qui veulent nous persuader d'une nature éternelle de la France, à savoir les travailleurs immigrés, avec ou sans papiers (car les travailleurs sont UN, quelle que soit leur nationalité).
Être de "gauche", c'est voir par quelles exclusions l'on fait d'immigrés demandant l'asile des parasites auxquels on interdit de travailler.
Et ne pas chanter l'air de la haine xénophobe.
Et ne pas l'entonner avec ceux qui le chantent, ici, sur ce forum.